Chapitre 52

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Je déteste me disputer avec Louise

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Je déteste me disputer avec Louise. Je déteste qu'elle puisse croire que je lui en veux. Évidemment que j'étais en colère, Marco est apparu comme par enchantement et menaçait de tout révéler. Ce n'est pas à lui de le faire. Maintenant, il doit jubiler en sachant que je n'ai encore rien dit à Louise, il doit attendre avec impatience le jour où elle l'apprendra et me quittera. Et comme si ça ne suffisait pas, il a son numéro. Pourquoi ?

Mon portable vibre sur mon bureau. Un appel d'Alban.

—  Quoi ?

—  Cache ta joie ! réplique-t-il, faussement vexé. T'as l'air ravi de m'entendre !

—  Je suis pas d'humeur.

Connaissant mon meilleur ami, mieux vaut éviter de parler de Lou. Il me ferait encore plus culpabiliser en disant que je dois rompre. Alban est loin de donner les meilleurs conseils.

—  Pourquoi tu m'appelles ?

— Soirée chez Dan, ce soir. Tu m'accompagnes ?

—  Depuis quand il fait des soirées le lundi ?

—  Ce mec fait des soirées n'importe quand, répond mon meilleur ami en riant. Il n'étudie pas alors pour lui, un lundi est pareil qu'un samedi. Ne te saoules pas si tu veux aller en cours, demain.

Avec toutes les choses illégales que Daniele vend, il n'a pas besoin de mettre les pieds dans une université.

—  Tu devrais venir, on dirait bien que t'as besoin de noyer tes problèmes dans l'alcool.

—  Tu m'enlèves les mots de la bouche, marmonné-je. Je serai là.

—  Cool ! À plus, mon vieux !

Puis il raccroche, et je passe les heures suivantes à contempler mon dessin qui n'avance pas. Dessiner Louise s'avère difficile après nos disputes, ça me rappelle toujours pourquoi notre histoire ne tient qu'à un fil. Si je dis le mot de trop, tout s'arrêtera.

Depuis que Louise m'a vu chez Dan, je n'ai plus voulu y mettre les pieds. Je n'y vais que pour accompagner Alban d'habitude, mais je suis toujours tenté d'aller à la cave. Lou remplace très bien ce qui se trouve au sous-sol, ça n'a pas été difficile de ne plus y retourner. Mais ce soir, alors qu'elle s'est murée dans le silence tout comme moi, je ne résiste pas à la tentation. Alban n'est pas encore arrivé, je compte bien en profiter avant qu'il ne me réprimande.

—  Julian ! s'exclame le maître des lieux. Vieni qui !

Je m'assois sur l'un des canapés, à côté de Dan, et prends le verre qu'il me tend. Un vodka-Redbull, le classique.

Je m'adosse confortablement contre le dossier et observe les gars qui sniffent des rais sur la table basse. Dan n'en prend jamais, il en faut bien un de responsable, mais ça ne l'empêche pas de s'amuser autrement. Avec les filles, par exemple. Il les collectionne.

Je bois mon verre cul-sec tant je veux oublier cet obstacle entre Louise et moi. Pourquoi fallait-il que je sois si égoïste ? Que je ne pense qu'à mon bonheur ?

Après avoir passé un an et demi dans les ténèbres, à ressasser cet accident qui me bouffait de l'intérieur, il fallait s'attendre à ce que je m'accroche à la moindre petite lueur d'espoir. Je ne m'attendais pas que cette lueur d'espoir soit aussi grande et qu'il s'agisse de Louise. La survivante de ma connerie. Et au lieu de la respecter, de ne pas la blesser, je sors avec elle en sachant que je lui cache le secret le plus honteux qui puisse exister. Mais je suis égoïste, et je n'ai aucune envie de voir ma vie redevenir l'enfer qu'elle était avant elle.

Après un deuxième verre, je décide qu'il est temps que j'essaie d'oublier mes problèmes autrement. D'oublier l'accident, Louise, Salomé, ma famille et tous les soucis qu'a engendré le divorce de mes parents. La tentation est trop forte, j'ai envie de me sentir aussi bien que ces mecs. Aussi puissant, comme si rien ne pouvait m'atteindre. Alors lorsque Dan me montre les lignes de coke d'un signe de tête, je ne proteste pas. J'ai le droit de m'amuser.

Les effets sont quasi-immédiats, l'histoire de quelques minutes. Je me sens si bien que je serais capable de courir un marathon ou de gravir l'Everest.

—  Julian, qu'est-ce que tu fous ?

J'ouvre les yeux. Alban me fait face, les bras croisés. On dirait mon père lorsqu'il n'est pas content de moi.

—  T'as sniffé ? s'indigne-t-il en prenant le verre que m'a donné Dan. Et tu bois ? Tu veux mourir ?

—  On est là pour s'amuser, non ? Se détendre. Noyer les problèmes...

—  C'est pas vrai... Lève-toi, je te ramène.

Il tente de me soulever par un bras, mais je suis trop lourd pour lui, qu'il fasse de la boxe ou pas. Je n'ai pas l'intention de bouger.

—  Retourne en haut et laisse-moi tranquille, Alban, grogné-je en reprenant mon verre. J'ai besoin d'oublier.

—  D'oublier quoi ? Que t'es complètement con ?

—  Dégage.

Même si je me sens d'assez bonne humeur, voir Alban me regarder avec pitié me met en colère. Comme s'il valait mieux que moi alors qu'il boit comme un trou lors des soirées.

—  C'est à cause de Louise, pas vrai ? Une dispute et t'en es déjà à gâcher de nouveau ta vie ?

Je le fusille du regard et boit mon verre de vodka-Redbull sans le lâcher des yeux pour le provoquer. Alban finit par abandonner et sort de la cave en grognant. Il est en colère, mais pas autant que je le suis. Il n'y a que ce qui se trouve dans cette cave qui m'aidera à aller mieux.

Sous Les ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant