J'ai passé tout sauf un bon dimanche. J'avais envie de me frapper d'être aussi con. J'en ai toujours envie, mais je compte d'abord m'occuper de certaines choses. Premièrement, je dois aller en cours.
Alors que je viens à peine de mettre un pied à la cafétéria, Hanna fonce vers moi comme une furie. Ses cheveux roux se balancent au rythme de ses pas, rapides et lourds.
— T'as vu ce que t'as fait à notre meilleur ami ? rétorque-t-elle, irritée. Il est à l'hôpital parce que tu l'as tabassé, Julian !
Même pas huit heures du matin et Hanna me pompe déjà l'air. Elle est fatigante.
— Je fais ce que je veux, grogné-je.
Il reste pas moins de six personnes devant moi avant que je ne puisse acheter mon café. Sans ça, je suis de mauvaise humeur. Et Hanna ne m'aide pas du tout à garder mon calme.
— Alban sort avec ma petite sœur, la seule fille à laquelle il n'avait pas le droit de toucher.
Hanna imite mon air blasé avant de lever les yeux au ciel, bras croisés.
— T'es vraiment qu'un idiot.
Alors que j'observe ma meilleure amie s'éloigner vers la table de Lou, une idée me vient en tête. Et si je partais ? Cette licence de Lettres ne me servira à rien, à part dire que j'en ai une. Pour le boulot que fait mon père, je n'en ai pas besoin. Si j'étais allé en école de commerce ou un truc dans le genre, ça m'aurait été plus utile. Mais j'étais perdu, et je n'avais aucune envie de suivre les traces de mon père. Voilà ce qui m'en coûte : une deuxième année de perdue. Je peux toujours m'inscrire pour une autre fac ou une école. Comme je semble agacer tout le monde, quoi de mieux que de m'éloigner ? Mais avant, j'ai des tas de choses à régler.
Comme je tiens quand même à avoir mon premier semestre, j'ai décidé de le terminer. Et donc, de ne plus sécher de cours jusqu'aux vacances, en fin de semaine. Ensuite, je réfléchirai.
En sortant de cours, après avoir passé la journée à éviter Lou, je me rends à l'hôpital. Même si Alban n'a aucune raison de sortir avec ma sœur, je lui dois au moins des excuses pour l'avoir mis dans cet état.
Lorsque je rentre dans sa chambre, je ne suis pas surpris de le voir seul, les yeux rivés sur la télé. À part ses parents qui travaillent sans arrêt et Hanna et moi, il n'a personne. Si, ma sœur. Mais ça ne compte pas. J'aimerais qu'elle ne vienne pas lui rendre visite, mais je peux toujours courir.
— Qu'est-ce que tu fous là ?
Sa bouche a doublé de volume, et il est obligé d'articuler chaque syllabe pour se faire comprendre. Elsa m'a dit qu'à part son nez, je n'ai rien cassé d'autre. Pas une seule dent. Je m'en veux déjà assez comme ça.
— Comment tu vas ?
— Je suis en pleine forme, ironise-t-il. Ça se voit, non ?
Je remarque ses yeux au beurre noir, son nez tordu et les coupures sur ses joues. J'ignorais que je pouvais être aussi cruel. Suis-je à ce point un monstre ?
VOUS LISEZ
Sous Les Étoiles
RomanceLouise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...