Chapitre 68

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Cette semaine, je n'ai pas vu Julian ailleurs qu'à la fac

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Cette semaine, je n'ai pas vu Julian ailleurs qu'à la fac. On veut y aller doucement. Pas besoin de précipiter les choses, on vient à peine de se retrouver et on n'a pas encore totalement digéré ses révélations à propos de l'accident et de Lena. Je ne lui en veux pas, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas blessée. Cependant, j'aime Julian, et je ne laisserai pas ces éléments se mettre entre nous.

Aujourd'hui, il vient me chercher pour que l'on aille déjeuner chez ses parents. D'abord réticente à l'idée de manger avec son père – il reste quand même le conducteur –, j'ai fini par accepter. Ce n'est pas en évitant les Vitori que ça fera revenir Salomé. Et puis, j'adore Elsa et Amélie, je veux les revoir.

Je ferais n'importe quoi pour Julian, mais aimer son père est impossible. Non seulement parce qu'il a accidentellement tué Salomé, mais parce qu'il a gâché l'adolescence de Julian en lui mettant la pression sur tous les plans. Devenir le futur P-DG de Vitori, être un grand frère et un fils exemplaire, ne pas sortir et arrêter le dessin pour se focaliser sur l'entreprise familiale. Et comme si ça ne suffisait pas, il a menti à son fils en lui faisant croire que sa mère biologique était morte et n'a jamais jugé bon de lui dire qu'il avait un grand frère. Julian dit qu'il enchaîne les conneries, mais son père n'est pas en reste.

—  Je pense savoir pourquoi mes parents sont allés à l'anniversaire de ton père, en octobre, déclaré-je en y repensant. C'était sans doute pour dire aux tiens que tu n'avais pas intérêt à t'approcher de moi.

—  Ça ne fait aucun doute ! Heureux de constater que maintenant, ils adorent que je m'approche de toi.

—  Ils ne t'aiment bien que parce que tu sais dessiner leur fille à la perfection, rétorqué-je en prenant sa main sur mon genou. Tu sais la rendre parfaite rien qu'avec un crayon.

—  T'es parfaite, ce n'est pas difficile.

—  Non, je suis parfaitement imparfaite.

Julian rit en m'entendant utiliser son expression. Je l'ai détournée, mais ça marche tout aussi bien que « normalement anormal ».

—  Est-ce que tes tatouages t'ont fait mal ? demandé-je en caressant son poignet par-dessus son pull. Parce que je me tatouerais bien « parfaitement imparfaite » sur les côtes.

Jamais je n'oserais, j'ai trop peur des aiguilles. Et puis, il paraît que se tatouer sur les côtes est tout aussi douloureux que sur la malléole, le poignet et la colonne vertébrale. Si je devais me faire un tatouage, ce serait sur une partie du corps où j'ai assez de graisse pour que l'aiguille ne touche pas l'os.

—  Si tu dois te tatouer, commence par l'avant-bras, me conseille-t-il. C'est l'endroit le moins douloureux. C'est là où j'ai fait mon premier tatouage : le triangle. Après, j'ai fait l'étoile sur le poignet et le sablier sur l'omoplate. Ce sont des endroits sensibles, mais rien que tu ne puisses supporter. Tu comptes vraiment te faire un tatouage ?

—  J'ai peur des aiguilles... mais peut-être un jour.

Je n'ai jamais eu l'envie d'un tatouage, rien que je voudrais inscrire sur ma peau pour l'éternité. L'accident et Salomé me hantent bien assez tous les jours pour que je veuille en laisser une trace sur ma peau. Cependant, je n'exclue pas l'idée que j'en fasse un, plus tard.

Lorsque nous arrivons chez Julian, je ne lui lâche pas la main en entrant dans la maison. Comme on vient d'entrer sans prévenir, personne n'est là pour nous accueillir et ça me laisse le temps de contempler l'immense sapin dressé face à moi. En plein milieu du hall, il touche presque le lustre tant il est grand. Décoré dans des tons blancs et rouges, je suis émerveillée face à tant de splendeur. Jamais je n'ai vu de sapin aussi majestueux.

—  Louise !

Elsa m'enlace sans même me laisser le temps de lui dire bonjour. Je n'ai jamais compris pourquoi elle m'appréciait autant, mais c'est réciproque.

—  Je suis heureuse de te revoir ! Julian, papa est dans son bureau. Pourquoi tu n'irais pas le prévenir que vous êtes là ? Je m'occupe de Lou.

Il fronce les sourcils, pas convaincu, mais sa sœur ne lui laisse pas le choix et me guide jusqu'à la cuisine où je retrouve Amélie, aux fourneaux.

Pendant près de cinq minutes, elles n'arrêtent pas de s'excuser pour l'accident et de me remercier d'avoir pardonné Julian. Apparemment, il passait ses week-ends en soirées, ces derniers temps, et ça commençait à les inquiéter. Tout comme Nathan, ce dernier donnant des nouvelles de Julian à Elsa. Après tout, cette dernière est aussi sa demi-sœur.

Julian était en train de reprendre le même chemin qu'avant parce qu'il avait peur de m'avoir perdu pour toujours. Je n'aime pas qu'elles puissent croire que je suis le remède à tous ses maux, mais si ça les rassure, je peux faire semblant.

—  Je n'ai appris que lundi dernier qu'il s'était fait insulter à cause de moi...

—  À cause de l'accident, pas de toi, corrige Amélie. Ces gens ne savent pas que vous vous aimez.

—  Ils vous ont attaqué aussi.

—  Ce n'est pas la première fois, réplique Elsa en haussant les épaules, assise à mes côtés. Le jour où mes parents se sont mariés, ils ont été critiqués.

Amélie acquiesce en soupirant.

—  Alberto était divorcé depuis un an, et on l'avait critiqué pour son divorce et pour avoir séparé deux frères en gardant l'un d'eux, alors certains journalistes n'ont pas hésité à le critiquer encore une fois lorsqu'il m'a épousé. Puis lorsqu'Elsa est née. Ils arrivent à tout savoir, c'est dingue !

—  Pourquoi Julian n'a jamais rien su pour son frère et Emma si la presse en parlait ?

—  Alberto s'en est chargé. Avec l'argent, on peut faire des miracles. Une chance qu'en grandissant, Julian n'ait pas pensé à chercher des informations sur sa mère. Il l'aurait su à la plus mauvaise période de sa vie.

Je vois déjà ce que ça aurait donné si Julian avait appris que sa mère était vivante lorsqu'il était au collège. Il aurait haï son père, encore plus en sachant qu'il avait un grand frère dont il ignorait l'existence.

— Comment je pourrais aider Julian ? Je voudrais que les gens sachent que je l'aime, et que malgré ce qui est arrivé, ça ne change pas mes sentiments envers lui.

—  C'était il y a une semaine, ils ont déjà dû oublier, tente de me rassurer Elsa. Les gens passent vite à autre chose lorsque ça ne les concerne pas. Ce ne sont pas quelques insultes d'inconnus qui n'ont rien d'autre à faire de leurs journées qui vont détruire mon frère.

—  Louise, ce genre de choses arrivera à chaque fois que Julian ou que l'un de nous fera un pas de travers. Ça dure quelques jours, puis les gens se désintéressent. Si tu restes avec lui, tu devras t'y habituer malheureusement. Surtout maintenant avec les réseaux sociaux. Tout le monde peut voir ce que vous faîtes. Si vous rompez, il y a des chances qu'ils en parlent. Surtout parce que t'es « la survivante », chuchote Amélie en mimant des guillemets.

Je déteste que des inconnus puissent mettre leur nez dans ma vie, mais si c'est le prix à payer pour sortir avec Julian, alors soit. Ils ne m'empêcheront pas de l'aimer.

Sous Les ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant