Louise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...
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Quand nous reprenons la route, je ne reconnais l'endroit que lorsque nous y arrivons tant je ressasse ma prestation d'il y a quelques minutes. L'observatoire près de chez moi, que je connais comme ma poche à force de l'avoir visité. Mais à cette heure-ci, il n'est pas ouvert.
— Tu sais que c'est fermé, pas vrai ?
— Je ne compte pas t'emmener à l'intérieur, dit-il en coupant le contact.
Julian descend de voiture après avoir pris une couverture à l'arrière et je le suis sans un mot vers un talus derrière l'observatoire, près d'arbres.
— Viens, dit-il en tapotant la place à côté de lui. Tu dois me montrer quelque chose.
Sans attendre, je le rejoins et m'allonge contre lui, ma tête se nichant dans le creux de son bras étendu. Au-dessus de nous, le ciel étoilé.
Cela fait une éternité que je ne me suis pas posée pour observer les étoiles. J'en avais oublié à quel point c'est merveilleux. Magique. Ça l'est encore plus avec Julian, qui s'est souvenu de ma passion pour ces astres lumineux.
— Là, c'est la Grande Ourse, dit-il en la désignant.
— Bien vu ! En automne, la Grande Ourse est juste en dessous de la Petite Ourse. Et encore, là tu ne me montres que la Casserole. La Grande Ourse est bien plus grande que ça. Mais c'est un bon début. Tu vois la Petite Ourse ?
Je pointe cette dernière de l'index. Les constellations m'émerveilleront toujours.
— L'Étoile polaire, ou l'étoile du nord si tu préfères, est celle qui brille le plus. Elle est dans la Petite Ourse, juste là.
Je prends sa main et pointe l'étoile avec l'un de ses doigts, au bout de la queue de la petite casserole.
— Tout le monde pense que c'est l'étoile du nord la plus brillante, mais elle n'est que quarante-huitième dans la liste. Sirius est l'étoile la plus étincelante. Après le soleil. Mais on aura du mal à la voir, maintenant. C'est mieux en hiver.
— Pourquoi on l'appelle l'étoile du nord ? demande Julian, intrigué.
— Parce que c'est elle qui t'aide à trouver le nord. Tout le monde sait ça, Julian.
Il est absorbé par les étoiles. Est-ce que je suis pareille lorsque je les regarde ?
— J'aime bien t'entendre me parler d'étoiles, dit-il dans un sourire en se tournant vers moi. Parle-moi de l'Étoile polaire, dis-moi tout ce que tu sais d'elle.
Je souris, parce que je pourrais lui parler de n'importe quelle étoile, de n'importe quelle constellation sans m'en lasser.
— Elle paraît immobile, toutes les étoiles semblent lui tourner autour. Aujourd'hui, il suffit de la regarder pour savoir où est le nord, mais il y a des milliers d'années, c'était une autre étoile qui le désignait. Le pôle nord céleste bouge sans cesse, et dans une centaine d'années, il sera loin de cette étoile et nous en aurons une nouvelle pour désigner le nord.
