Chapitre 49

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Lorsque je sors du cabinet du docteur Bellini, je me sens toujours vide

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Lorsque je sors du cabinet du docteur Bellini, je me sens toujours vide. Je passe les premières minutes de la séance dans le silence, avec mes pensées qui se mélangent pour former un tout incompréhensible, puis ça finit par sortir d'un coup. Ça ne s'arrête jamais. Je parle, je parle, je parle, et elle note. Elle me pose quelques questions dans un français impeccable, me donne des mouchoirs, mais en général, je passe quarante-cinq minutes à parler seule. Ça me fait du bien, même si ça me bouleverse.

—  Tu veux qu'on aille manger une glace ?

Je retrouve mon sourire. Julian sait comment me faire plaisir, et même si on ne va pas chez Joe, ça reste une glace quand même. Pas aussi délicieuse, c'est certain.

—  Je voudrais toujours manger une glace !

Après les avoir acheté, nous nous arrêtons au bord de l'Arno, accoudés au muret d'où je contemple le fleuve en contrebas. Je ne me lasse jamais de cette ville si belle.

—  J'ai vu ma mère, hier. Enfin, Emma.

—  Comment ça s'est passé ? demandé-je, surprise qu'il ne m'ait rien dit jusque-là.

Il hausse les épaules.

—  Bien, je crois. On a beaucoup parlé. Je me demande ce qui n'a pas collé entre mon père et elle.

—  Ils n'étaient pas destinés à être ensemble, je suppose.

—  Tu crois qu'on l'est, nous deux ? me demande-t-il, le plus sérieusement du monde.

Prise de court, je continue de déguster ma glace pour éviter de parler. Je n'ai aucune réponse à sa question, j'ai arrêté de penser au futur le jour où Salomé est morte. Pourtant, je veux y penser avec Julian.

—  J'aimerais croire que oui, avoué-je sans détacher mes yeux des maisons d'en face. J'ai du mal à m'imaginer être amoureuse de quelqu'un d'autre. Je t'aime, tous les jours un peu plus, et je ne veux personne d'autre que toi.

Sa main se pose sur ma joue, et je ferme les yeux lorsqu'il se penche pour m'embrasser. J'ai toujours autant de papillons dans le ventre que lors de notre premier baiser, l'impression qu'un feu s'allume en moi. Ses baisers ravivent toujours cette flamme, éteinte depuis trop longtemps. Peut-être même depuis toujours.

Ses yeux clairs s'ancrent dans les miens, et Julian n'a même pas besoin d'ouvrir la bouche pour que je sache qu'il m'aime. J'y lis non seulement son amour, mais aussi toute sa peine.

—  Qu'est-ce qui t'attristes ?

—  Je... enfin, c'est Nathan. Et Emma. Tu devrais la voir quand elle parle de lui, comme s'il avait bâti cette ville. Jamais mon père n'a parlé de moi de cette façon, jamais il n'a été fier de moi. Je ne sais même pas s'il m'aime.

—  Bien sûr qu'il t'aime ! m'offusqué-je. Comment pourrait-il ne pas t'aimer ?

—  Je lui rends la vie infernale depuis des années... Je n'arrête pas d'accumuler les erreurs.

Sous Les ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant