Louise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...
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Je soupçonne mon père d'être enfermé dans son bureau pour échapper à Lou. Il s'en veut d'être responsable de son malheur. De notre malheur, à tous les quatre.
J'entre dans son bureau sans frapper. Il ne travaille pas le dimanche. Il lui arrive de passer ici dans la journée, mais il n'y reste pas plusieurs heures comme en semaine.
— Vous êtes déjà là ? s'étonne-t-il, adossé à son siège. Où est Louise ?
— Avec Elsa et maman. Tu devrais descendre.
Il acquiesce, ses lunettes sur le nez, avant de replonger la tête dans un dossier. Plus je m'en approche, mieux je vois duquel il s'agit. Celui de l'accident.
— Cet accident aurait dû nous rapprocher, pas nous éloigner, déclaré-je en m'asseyant face à lui. T'es mon père, je n'aurais pas dû t'en vouloir pour ce qui est arrivé. T'étais venu me chercher par ma faute, parce que j'étais saoul. Je suis désolé de t'avoir autant détesté pour quelque chose que tu n'as jamais désiré. Toi, t'as tous les droits de me détester de m'être mis dans des états lamentables en soirée. J'étais pathétique, et je regrette. Mais je vais mieux, maintenant. Depuis ce soir-là, depuis que je connais Louise.
Il referme le dossier, pose ses lunettes dessus avant de me regarder droit dans les yeux.
— Je suis heureux d'entendre ça, Julian. Tu es devenu un jeune homme responsable, comme je l'ai toujours souhaité. Mais je ne te détesterai jamais. Personne n'est irréprochable, pas même ton vieux père. Je vais faire des efforts, maintenant. Je sais que j'ai été... dur envers toi. Ça n'aurait pas dû arriver, tu n'étais qu'un enfant. Si je n'avais pas été comme ça, peut-être que tu ne serais jamais allé à toutes ces soirées. J'ai mes regrets, moi aussi. On doit vivre avec.
— Alors pourquoi tu relis ce dossier ? Lou et moi, on veut aller de l'avant. Tu devrais en faire autant.
Il se contente de hausser les épaules. Je remarque seulement maintenant qu'il a troqué ses chemises contre un polo. Il ressemble plus à un père, moins à un homme d'affaires.
— Je suis allé en prison parce que j'ai tué une jeune fille, déclare-t-il dans un soupir, l'air dévasté. J'en ai blessé une autre et elle est traumatisée à vie. Même si je n'ai jamais voulu tout ça, c'est arrivé. J'étais au volant, et j'ai foncé dans leur voiture parce que je n'étais pas vigilant. Maintenant, je me retrouve enfermé ici pour travailler. Je n'ai plus le permis, je ne veux plus l'avoir, mais je n'ai aucune envie que ma femme devienne mon chauffeur. Cette année en prison a failli me coûter ma place, une chance que Lorenzo ait su diriger l'entreprise à la perfection pendant mon absence. Il a tout mis en œuvre pour que le conseil ne me vire pas. Jamais je n'aurais supporté que Vitori appartienne à quelqu'un qui n'a aucune légitimité dans notre entreprise. Mon grand-père a bossé dur pour construire tout ça, et j'ai failli tout perdre parce que je n'ai pas été vigilant en conduisant.
