Je zappe de chaîne toutes les trente secondes. Il n'y rien d'intéressant à la télé, je m'ennuie ferme depuis sept heures du matin. Je n'ai même pas mon calepin et mes crayons pour dessiner, et je m'inquiète pour Rajah. Je sais qu'Elsa en prend grand soin, mais cette boule de poil me manque.
Je n'attends aucune visite avant ce soir, mais même si ma famille ne vient pas, je m'en fiche. Je n'ai plus envie de voir mon père, je ne suis pas certain de pouvoir lui pardonner un jour. Il a dû lui falloir beaucoup de courage pour me mentir dans les yeux, enfant, ou alors il n'a pas de cœur. La deuxième option lui correspond mieux.
Même Emma, je ne suis pas certain de lui pardonner. Hier soir, elle ne cessait de répéter qu'elle a toujours tenté de me revoir mais que mon père l'en empêchait. Ils se renvoient la balle, c'est épuisant et je ne sais plus qui croire. Je n'arrive pas à imaginer qu'ils aient pu s'aimer. Ils se détestent tellement que c'est impossible.
Alors que je me tourne dans tous les sens pour trouver le sommeil, n'ayant rien d'autre à faire, on toque à la porte. Je m'assois péniblement sur le lit, mes côtes me faisant souffrir, et je reconnais les cheveux roux d'Hanna dès qu'elle passe la porte.
— Tu n'es pas censée être en cours ?
Elle s'approche et m'enlace avec douceur par peur de me blesser.
— Je ne reprends qu'à seize heures alors je me suis permis de venir te voir. Je ne te dérange pas ?
— Non, je suis content d'avoir quelqu'un avec qui parler, réponds-je, sincère. C'est pire que la prison, ici.
Je n'en sais rien, mais passer sa journée dans un lit sans rien pouvoir faire est une torture.
— Le médecin t'as dit quand tu pourrais rentrer ?
— Si tout va bien, vendredi. Ils veulent encore me faire passer des examens pour être sûrs.
— Ça passera vite, me rassure-t-elle dans un sourire. Au fait, je ne suis pas venue seule. Trois personnes m'ont accompagné.
— Qu'est-ce que t'attend pour les faire rentrer ?
Je me demande bien qui cela peut être. Les seuls amis qu'Hanna puisse avoir, c'est Alban et moi.
Lorsqu'elle revient dans ma chambre, mon cœur s'arrête avant même que je ne vois Louise. J'ai senti sa présence, son parfum. Comment se fait-il qu'elle soit là ? Je pensais qu'elle ne voudrait plus me revoir après ce que je lui ai dit, hier.
Daphné et Simon sont là, eux aussi. Je peux comprendre que la première soit venue, on s'entend bien. Mais que Simon vienne, je suis plutôt confus. Nous ne sommes pas amis, et je lui ai seulement parlé hier, pour la première fois.
Alors que l'on entendrait les mouches voler, Louise ne détournant pas son regard du mien, Simon prend la parole.
— Comment tu vas, Julian ?
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Sous Les Étoiles
RomanceLouise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...