Je reconnais ce parfum avant même qu'il ne parle. Il vient me voir depuis des jours. Il est mon repère, je sais qu'il vient en fin d'après-midi, avant ma famille. C'est lui qui m'annonce quel jour nous sommes et l'heure. Sans ça, je serais perdue. Personne ne pense au fait que je suis complétement déboussolée. J'ai peut-être les paupières closes, mais je suis toujours vivante et j'entends tout.
— Ciao, Louise. Comment tu te sens ?
Il laisse passer quelques secondes, comme s'il s'attendait à ce que je lui réponde, puis il reprend. Je me force à bouger ne serait-ce qu'un doigt, mais mes membres me semblent trop lourds.
— J'ai regardé les étoiles avant de me coucher, hier. J'ai pensé à toi et je me suis posé plein de questions... Est-ce que tu souris en les regardant ? Est-ce que tu les observe tous les soirs ? Est-ce que tu t'amuses à les compter ? Est-ce que tu cherches toujours Cassiopée ? D'ailleurs, je ne sais toujours pas laquelle c'est. Il faut vraiment que tu te réveilles pour me la montrer.
J'aimerais me réveiller afin de combler ses lacunes en matière de constellations, mais mes paupières semblent collées à la glue.
— J'ai acheté un bouquin pour essayer d'en savoir plus, mais je n'y comprends rien, continue-t-il en lâchant un rire. Et puis, je préférerais les apprendre avec toi, tu serais une bonne prof. Et t'es très agréable à regarder.
Depuis qu'il vient, il ne cesse de me faire des compli-ments. Je crois que ça l'amuse de faire ça.
— J'ai essayé de reprendre le piano, hier. Personne n'était à la maison alors j'étais tranquille. Mais mes mains se mettent à trembler au-dessus du clavier, et jamais lorsque je prends le volant. La vie est étrange, tu ne crois pas ? Au lieu d'avoir peur de conduire, j'ai peur de jouer du piano. Comme si ça pouvait me tuer.
Sa voix est douce et réconfortante, emplie de tristesse aussi. J'aimerais pouvoir le consoler.
— Dis, tu crois que tu vas te réveiller bientôt ? Ça fait trois semaines que ta voix me manque... C'est bizarre, je ne te connais que depuis peu, mais je n'arrive plus à me passer de toi. Peut-être parce que je me sens responsable de ton état.
Une chaleur se glisse dans ma main et il me faut du temps pour comprendre que c'est la sienne. Il prend la mienne tous les jours, mais aujourd'hui son toucher est différent. Je me sens revivre, comme si j'étais morte jusqu'à maintenant.
— Louise ?
Il paraît inquiet. Une chaise grince, je crois qu'il vient de se lever.
— Tu viens de me serrer la main ? Dis-moi que je n'ai pas rêvé.
Je n'en sais rien, je sais simplement que je voudrais me réveiller pour le remercier d'être auprès de moi de-puis le début.
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Sous Les Étoiles
RomanceLouise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...