Louise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...
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Ne pas tomber amoureux. Qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? Certes, je ne suis pas amoureux d'elle, mais je ne peux nier cette attraction entre nous. Une at-traction que Louise ne veut pas voir se transformer. Mais tant que je suis auprès d'elle, j'accepte n'importe quoi.
— Lian, ça te dit qu'on répète ensemble ?
Elsa a la manie de rentrer dans ma chambre sans prévenir, ça m'exaspère. Surtout lorsque je dessine. Ça me déconcentre.
— Tu répètes très bien toute seule, marmonné-je.
— J'aurais voulu que tu m'accompagnes.
Elle joue une note sur son violon et Rajah s'enfuit dans ma salle de bain. Il a peur du moindre bruit.
— Tu vois ? Tu te débrouilles très bien sans moi, sorellina.
— Tu me sembles préoccupé.
Elle pose son violon sur mon lit, où elle s'assoit, et je l'observe par-dessus mon épaule.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Tu ne dessines que lorsque quelque chose te tracasse.
Pourquoi me connaît-elle si bien ?
— Je dessine quand j'ai le temps, dis-je malgré tout.
— Mais surtout quand t'es préoccupé parce que rien, mis à part le dessin, n'arrive à vraiment te soulager. Donc, qu'est-ce qui se passe ?
Elsa a toujours été perspicace, elle tient ça de moi. Et de notre père, du coup. Fallait bien que j'hérite quelque chose de lui.
— Je suis passé chez Louise après les cours, avoué-je en continuant à dessiner. J'avais envie de la voir et... on s'est embrassé, encore. Si je pouvais, je n'arrêterais jamais de l'embrasser. Mais le truc c'est que même si je ne suis qu'un inconnu pour elle, moi, je la connais. En un an et demi, j'ai eu le temps de m'attacher à elle. Et maintenant, j'ai peur d'en tomber amoureux.
— Alors arrête de la voir. Tu seras foutu le jour où ça arrive. Tu vas lui briser le cœur, Julian. Deux fois. Lorsqu'elle apprendra qui tu es vraiment et lorsqu'elle te quittera, la seconde suivante. C'est malsain ce que tu fais. Tu veux veiller sur elle et tenir ta promesse, mais ça va mal finir. Et je ne tiens pas à te retrouver dans le même état que l'an passé.
Ni moi. J'étais devenu une épave, si bien que j'avais dû retarder d'un an mon entrée à la fac. Une chance parce que je suis retombé sur Louise grâce à ça. Et dire qu'elle n'habitait qu'à quelques kilomètres de là. Elle court dans ma rue, pourquoi ne l'ai-je pas senti ?
Dans un monde idéal, Louise aurait été une fille que j'aurais rencontré au hasard et qui m'aurait tapé dans l'œil. Nos vies en seraient bien plus simples. Elle me plaît, mais il y a cet accident qui plane au-dessus de nos têtes, prêt à nous tomber dessus d'un moment à l'autre. Toutefois, je ne le laisserai pas gâcher ma chance de prouver à Louise que si je m'intéresse à elle, c'est pour elle et pas seulement pour réparer mes er-reurs.
