Après plus de sept heures de route, traversant principalement d'immenses champs de maïs et de vignes, nous arrivons à destination. Notre nouveau chez nous.
Hier encore, nous habitions un joli pavillon en région lyonnaise, jusqu'à ce que nos parents décident d'emménager ici, en Toscane. Le dépaysement est total, et les photos de l'endroit étaient loin de lui rendre justice. Notre nouvelle maison, en pierre et aux volets couleur lavande, est une merveille.
— Quelle charmante petite maison de campagne ! s'exclame papa en se garant dans la cour gravillonnée.
— Petite ? On dirait un mas provençal !
Nous descendons de voiture, et mes yeux s'attardent sur la lavande qui longe la maison. Je peux facilement me croire au sud de la France.
Ce pays ne m'est pas inconnu, on y venait une fois par an en vacances, nos grands-parents maternels vivant à Florence. Mais habiter ici, ne côtoyer que des italiens et parler une langue que je maîtrise à peine s'avère angoissant. Cependant, le cadre est idyllique, c'est un point positif que je ne peux négliger.
Nos parents s'attèlent à emmener quelques bagages à l'intérieur tandis que Bianca reste avec moi pour décharger le reste du coffre. En entendant des pas sur le gravier, je me retourne vers notre portail. Une fille nous rejoint avec aisance, ses cheveux châtain balayés par la brise.
— Buongiorno !
Premier mot d'italien que j'entends et je deviens déjà muette. Pourtant, je connais les bases.
— Vous êtes français, constate-t-elle en regardant notre plaque d'immatriculation. Vous venez d'où ?
— De Lyon, répond ma sœur, la plus sociable de nous deux. On emménage. T'habites ici ?
— Oui, la maison en face.
Elle la pointe du doigt, mais tout ce que je remarque c'est qu'elle parle français aussi bien que nous. Sans aucun accent.
— Désolée, j'ai oublié de me présenter. Je suis Salomé, mais tout le monde m'appelle Sally, ici.
— Moi c'est Bianca, et voici Louise, ma grande sœur.
Elle me donne un coup de coude dans les côtes sans aucune discrétion, m'arrachant un gémissement.
— T'es française ? demandé-je, déconcertée.
— Oui, mais je vis ici depuis des années. C'est vous les nouveaux qui intègrent l'école française de Florence à la rentrée ?
Dois-je avoir peur d'elle ? Parce qu'elle sait des choses sur nous alors qu'on vient à peine d'arriver.
— Comment tu sais ça ? demande Bianca, visiblement aussi perplexe que moi.
— Je vais là-bas depuis le CP. Une rumeur circule disant que vous êtes trois, pas deux.
— Le troisième c'est Zachary, notre cousin, déclaré-je dans un sourire, rassurée. Sa famille emménage à quelques rues de là.
— Vous voulez nous envahir ? plaisante Salomé.
— Nos pères sont collègues, ils ont leur propre boîte d'architecte.
Elle ne m'a pas demandé de justifier notre situation, mais je m'y sens obligée.
— Cool ! En tout cas, Victor Hugo est une super école, vous verrez ! Je serai là si jamais l'un de vous a besoin. Au fait, vous rentrez en quelle classe ?
— Bianca rentre en quatrième et moi en seconde. Et toi ?
— En première, répond-elle en nous aidant à sortir des cartons de la voiture. Alors ? Pourquoi vous êtes venus vivre en Italie ? Pour la beauté du pays ?
Ma sœur s'en va à l'intérieur, cartons en mains, me laissant seule avec notre indiscrète voisine.
— Notre mère est italienne et ses parents vivent à Florence, dis-je en haussant les épaules. Elle a voulu se rapprocher d'eux.
— Je me disais bien que t'étais typée italienne ! Cheveux bruns et bouclés, peau mate, yeux marron...
— Ils sont noisette, rectifié-je en fermant le coffre. Il faut que je rentre. J'ai été ravie de te rencontrer, Salomé.
— Sally. On est voisines, après tout. Et tu verras, tu vas te plaire ici. Tu t'intégreras vite, les italiens sont hyper chaleureux !
Et canons, qu'on se le dise.
— Il paraît. On se revoit bientôt, alors ?
— Je n'habite que de l'autre côté de la route !
Puis elle s'éloigne en sautillant. Cette fille est un phénomène, et même si je viens à peine de la rencontrer, je l'aime bien malgré sa curiosité. Une personne comme elle, au contact facile et qui respire le bonheur, a plus de chances de s'intégrer que moi. Dès que l'on me parle en italien, je suis tétanisée, apeurée à l'idée de mal m'exprimer. Heureusement que Zach sera avec moi.
Je file dans ma nouvelle chambre, à l'étage, avec un carton rempli de vêtements. Elle se trouve au bout du couloir, je m'en suis accaparée lorsque j'ai vu que la fenêtre donnait sur Florence, à quelques kilomètres de là.
J'ouvre celle-ci et m'y accoude, observant la magnifique vue qui s'offre à moi sous un soleil splendide. Salomé a raison : je me plais déjà ici.
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Sous Les Étoiles
Lãng mạnLouise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...