Dans le salon des Vitori, nous attendons dans un silence d'or que Julian rentre. Hanna et moi sommes là depuis presqu'une heure, et personne n'a encore ouvert la bouche.
Amélie est assise près d'Alberto et ils se tiennent la main, tandis que leur fille est à mes côtés, la tête sur mon épaule. Elle n'est même pas allée au lycée à cause de son frère. Tout le monde est mort d'inquiétude. Alberto a appelé les hôpitaux environnants pour s'assurer que son fils n'y était pas.
J'aurais voulu qu'Emma soit là, mais son ex-mari ne doit pas vouloir qu'elle vienne chez lui. Ce n'est pas plus mal, elle n'a pas besoin de savoir ce qu'est devenu son fils durant l'adolescence.
Lorsque nous entendons la lourde porte d'entrée s'ouvrir, personne ne bouge. Puis un fracas se fait entendre et Alban et Alberto sont les premiers à le rejoindre. Nous les suivons de près, et je n'arrive plus à détacher mes yeux de Julian en le voyant. Le visage blême, les lèvres sèches, les cernes marqués et les yeux rouges, je ne le reconnais plus. Il n'a rien de l'élégant garçon que je connais.
— C'est mon anniversaire ? lâche-t-il avant d'éclater de rire. Vous devriez voir vos têtes !
Ses meilleurs amis s'approchent de lui et l'emmènent dans le salon, chacun enroulant un bras autour de sa taille. Il ne tient pas debout alors qu'il est dix heures. Combien de verres a-t-il bu pour être dans cet état ?
— Sei patetico !
— Alberto ! s'insurge Amélie. Ne dis pas ça...
— Laisse-le, maman. On sait très bien qu'il n'a jamais eu la moindre considération à mon égard.
— T'as dix-neuf ans, Julian ! s'énerve son père tandis que son fils s'assoit sur le fauteuil au salon. Et t'es incapable de te comporter comme un adulte ! Comment je pourrais avoir de la considération pour toi alors que t'es ingérable ?
Son fils ne dit rien, mais je n'ai jamais lu autant de haine dans ses yeux.
— Continue comme ça et tu ne vivras plus ici.
Puis Alberto quitte le salon. Comme si partir allait résoudre le problème. Moi, je préfère rester à distance, le voir dans cet état lamentable me serre le cœur.
— T'es défoncé et tu prends la voiture pour rentrer ? Tu veux te tuer ? Parce que c'est ce qui arrivera si tu continues, Julian ! C'est ce que tu veux ? Tu veux mourir et nous laisser seuls, désespérés ?
Je me tourne vers Elsa, abasourdie de la voir en colère, elle qui est toujours d'un calme olympien. Même son frère semble surpris. Ou alors, il est tellement à l'ouest qu'il ne comprend pas ce qu'elle dit.
— Je te déteste !
Elle s'effondre en pleurs sur l'autre canapé, et Alban accourt la consoler avant même que je ne réagisse.
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Sous Les Étoiles
RomanceLouise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...