Chapitre 70

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Je me précipite dans le hall dès que j'entends Elsa crier, ses parents sur mes talons

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Je me précipite dans le hall dès que j'entends Elsa crier, ses parents sur mes talons. Ils sont aussi surpris que moi en voyant Julian frapper Alban.

—  Lian, arrête ! Papa, arrête-le !

Alberto réagit aussitôt, se ruant sur les garçons et éloigne son fils en l'attrapant par le col.

—  Lâche-moi !

Mais son père n'a même pas besoin de le lâcher, Julian se défait de sa poigne avant de se jeter sur Alban une nouvelle fois. Elsa s'en écarte automatiquement et Julian plaque son meilleur ami contre l'un des murs. Au moins, il ne le jette pas contre le sapin.

Alors qu'il ne cesse de lui donner des coups, Alban ne se défend pas. Julian est comme possédé, ne se préoccupant même pas du sang sur le visage de son ami. Les yeux d'Alban sont si gonflés que même s'ils étaient ouverts, je doute qu'il puisse voir grand-chose.

Je supplie Julian d'arrêter, mais il semble hermétique au monde qui l'entoure. Heureusement, Alberto réussi enfin à séparer son fils d'Alban.

Elsa accourt dans la cuisine pour mouiller un chiffon et nettoyer le sang sur le visage d'Alban. Julian l'a salement amoché. D'ailleurs, mes yeux cherchent Julian mais je le vois aller à la cuisine à son tour. Je voudrais le suivre, mais la rage qui l'habitait quelques secondes auparavant m'effraie. Lui laisser quelques minutes seul ne lui fera pas de mal.

—  Il va falloir qu'on emmène Alban à l'hôpital, rétorque Amélie dans un soupir.

—  Lorenzo va tuer Julian, intervient son mari, se tirant les cheveux. Jamais ils ne se sont disputés comme ça. Regarde dans quel état il a mis son fils ! Tout ça parce qu'il sort avec Elsa. Je ne vois pas où est le problème, bon sang !

Julian a frappé Alban parce qu'il sort avec sa petite sœur ? Ça n'a pas de sens. Je ne savais pas que ça le rendrait dingue. Néanmoins, je suis tout de même heureuse pour Elsa, elle qui était amoureuse d'Alban.

Julian nous rejoint à ce moment, les yeux rouges. Il a pleuré. Et alors que je tente de me lever pour le rejoindre, il secoue la tête. Il ne veut pas que je l'approche, et ça me serre le cœur.

Alberto s'empresse d'emmener Alban à l'hôpital, Elsa les suivant de près. Julian, lui, saigne seulement du nez et a les poings abîmés, rien de grave. Lorsqu'il part s'enfermer dans sa chambre, je ne le suis pas. Je dois lui laisser de l'espace.

Amélie propose de me ramener chez moi et je ne refuse pas. Venir manger ici était déjà une mauvaise idée à cause d'Alberto, et voilà que Julian ne supporte pas qu'Alban sorte avec Elsa. Il n'a dû l'apprendre qu'aujourd'hui, il m'en aurait parlé sinon. Mais pourquoi s'est-il mis dans un tel état ?

À la maison, assise sur mon lit, j'appelle Julian. Il ne décroche toujours pas au troisième appel.

Réponds-moi. J'ai besoin de te parler.

Je viens à peine d'envoyer le message qu'il m'appelle.

—  Pourquoi tu m'ignores ? demandé-je dès que je décroche.

—  Ça me semble évident, non ? Tu as vu ce dont je suis capable lorsque je suis énervé...

—  Je n'ai pas peur de toi, Julian.

—  Tu devrais.

Je roule des yeux. Il est encore en colère, ce n'est pas aujourd'hui que je risque de le convaincre qu'il n'est pas une menace pour moi.

—  Pourquoi tu ne veux pas qu'Alban sorte avec Elsa ?

—  Parce que c'est ma sœur ! s'offusque-t-il. Je ne veux pas qu'il la touche.

—  C'est ton meilleur ami, tu devrais être content qu'elle soit avec lui. Tu connais Alban.

—  C'est justement parce que je le connais que je ne veux pas qu'il s'approche d'elle. Il ne fait pas dans les relations. Il va briser le cœur de ma sœur, elle n'a pas besoin de ça.

—  Elsa sait ce qu'elle fait. Tu devrais être heureux, elle est enfin avec le garçon qu'elle aime.

Julian ricane, avant de grommeler à son chat de partir. Pauvre Rajah, c'est lui qui souffre de la mauvaise humeur de son maître.

—  Et qui me dit que c'est réciproque ?

—  Tu n'as qu'à lui demander au lieu de le cogner.

Julian m'exaspère. J'ai l'impression qu'il n'a qu'une façon de fonctionner lorsque les choses ne lui plaisent pas : frapper.

—  J'avais ma raison, répond-il sèchement. Pourquoi tu ne le déteste pas ? Je te rappelle qu'Alban t'a menti aussi, à propos de l'accident. En fait, tu n'en veux à personne à part à mon père. Pourquoi ? Pourquoi lui en vouloir à lui et pas à nous ?

—  Parce que vous n'avez pas tué Salomé...

—  Et que tu pardonnes mon père ou pas n'y changera rien ! Elle sera toujours morte ! Mets-le-toi dans le crâne !

—  Pourquoi t'insistes ? m'énervé-je à mon tour. J'ai le droit d'en vouloir à qui je veux !

Julian soupire, sans doute pour retrouver un peu de calme. Il est sur les nerfs, tout autant que moi. Je n'aime pas la tournure de notre discussion.

—  Mon père a besoin de ton pardon pour avancer...

—  Pas moi.

Comment peut-il me demander de ça ? Ce n'était pas volontaire, mais c'est arrivé. S'il avait fait attention au lieu de se disputer avec son fils, nous n'en serions pas là.

—  Je ne te savais pas si égoïste, marmonne-t-il. Je pensais que tu étais plus... conciliante.

Entendre Julian me dire ça me fait le même effet que si je me prenais un coup dans l'estomac. Mes yeux s'emplissent de larmes.

—  Et moi, je pensais que t'étais plus compréhensif.

—  Faut croire que l'on s'est trompés l'un sur l'autre.

Un ange passe, et j'essuie rapidement une larme. Julian ne me blessera plus.

—  Je dois y aller. Passe un bon dimanche.

Puis je raccroche, sur les nerfs. Passe un bon dimanche ? Et puis quoi encore ? Dès qu'il est en colère, on ne peut rien lui dire. Julian prend la mouche en deux secondes. La nuit l'aidera peut-être à réfléchir sur ses actes d'aujourd'hui. Je l'espère, je ne tiens pas à me disputer avec lui tous les jours.

Sous Les ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant