Écho

79 9 11
                                    

Qu'enfin partout les superbes étoiles

Brillent longtemps et frissonnent encor

Sur le fond noir de cet espace-toile

Comme des pigments de splendeur et d'or

Pour des milliards et des milliards d'années !


Nos œuvres à nous sont ici fanées,

Ici tous nos vœux ont bouclé leur rond

Puisqu'ici tout décline... et se corrompt !


Mais là-haut, que tout scintille et demeure

À jamais dans l'irradiante torpeur

          Des éons et des ères !


          Entourés d'univers

          Absolu, minéral,

          Semblables à un râle

Dans l'océan profond,

Nous ne fûmes, en ce lointain tréfonds,

Qu'un bref éclat vacillant et passé

Avant même qu'on ait pu prononcer

                    Nos adieux.


                     Mais qui peut

Donc oser croire, hormis celui qui ment,

Qui prétendrait – un fou assurément ! –

Qu'on nous aura, rien qu'un peu, entendus ?


          Là n'est pas notre dû ;

Et mieux vaut de nous ne plus rien garder,

          Ni malheur ni sourire,

Qu'il n'y ait plus de mémoire et d'idée,

          Même plus d'« à venir »

           Qu'un sursaut galvanique,

           Qu'un rêve déserté

           En la froideur mutique

           Tissu d'éternité.


Pour que, sans trouble ni perturbation

Ni rien qui ressemble à l'onde froissée

Après la course de l'embarcation

          Vainement déplacée,


          Tout recouvre à la fin

          L'auguste permanence

          Et que, jusqu'aux confins

Où le cosmos se plie et recommence,

Il ne reste plus que la radiation

D'une énigme sans souffle ni raison.


Car il est temps pour nous, ô mes amis,

          – Frères d'humanité –,

D'admettre cette grande vérité :

           Que nous avons failli

           Et qu'ici tout est mort,

          Afin que dans l'oubli

          De toutes choses nées

          Puissent briller encor

Les étoiles pour des milliards d'années.


Écrit le 15 novembre 2018. Publié le 12 janvier 2019.

À partOù les histoires vivent. Découvrez maintenant