Intempestif

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Nos bonheurs toujours nous blessent

Car tout bonheur est compté ;

Il suffit que l'oubli cesse,

Cet abandon, ô bonté !


Et le temps irréversible

Nous retire sans pitié,

Nous dardant comme une cible,

Tous nos plaisirs à moitié.


Pourquoi donc, ô mon amour,

A-t-il fallu que cette heure

Me chassât de ce séjour ?

Suffisait que je demeure !


Mais tout est triste et fatal ;

Malheureux je me rappelle

Le bonheur presque nuptial,

Ta silhouette ardente et belle,


Tes odeurs et puis ta bouche,

Ce parfum d'éternité,

Nos paroles sur la couche

Et nos corps déshabités ;


Tes transports et tes regards,

Ton silence et tes « Je t'aime.

Suis heureuse ! »... Il est si tard !

Seras-tu, demain, la même ?


Partis ! Déjà souvenirs !

La Vie a fui ces images.

Pourquoi tout doit-il finir ?

À quand le prochain Voyage ?


Tout bonheur est donc souffrance ?!

Mes yeux larmés font des plis :

Rien qu'une vague espérance

Et rien qu'un spectre pâli !


J'attendrai dans les douleurs

Le retour des purs instants ;

Mais, Amour, combien de pleurs

Verserai-je avant ce temps ?...


Écrit le 18 février 2019. Publié le 19 février 2019.

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