Il s'approcha prudemment de la tirelire cochon. L'animal était assis sur son arrière-train et son groin proéminent était affublé de deux longs trous. Il le retourna pour observer son derrière et effleura l'endroit où la queue en tire-bouchon s'était cassée. Comme réparation, quelqu'un avait dessiné au feutre fuchsia un petit zigouigouis dans le bas du dos, l'œuvre d'un enfant surement, mais lequel de ses cousins avaient fait ressortir sa patte artistique de cette manière ?
Il sourit doucement puis secoua l'objet en se souvenant qu'avant, pour les faire rire, sa grand-mère imitait un grouinement. Il lui jeta un coup d'œil mais elle était trop occupée à discuter avec Jin.
Il s'était souvent demandé ce qu'il y avait dans le ventre de l'animal, des pièces surement, mais aussi plein de choses assez petites pour passer dans l'une des fentes. Lui-même avait déjà essayé de faire rentrer quelques grains de riz sec alors allez savoir ce que d'autres auraient pu avoir comme idée.
C'est Sungyu qui exhaussa ses vœux, elle lui prit la tirelire des mains et parvint à retirer l'espèce de bouchon au dessous de l'objet. Assis l'un en face de l'autre, ils détaillèrent la trouvaille. Les fameux grains de riz étaient toujours là, ainsi qu'une dent de lait, des éléments de jouets, des petits papiers - dont un marqué d'un maman je t'aime qu'Hoseok soupçonna être de sa sœur - quelques petites pièces, une mine de crayon, des bouts de feuilles desséchées, des OTNI - objets terrestres non identifiés - et... la bague de sa tante.
Son cœur rata un battement alors que Sungyu la sortit du tas de débris. Rapidement, ils vérifièrent que leur parente n'était pas dans la pièce puis se jetèrent un long regard sans savoir quoi dire. L'un comme l'autre avait remarqué sa main dénuée de bijou mais il leur avait été impossible de déterminer ce que ça pouvait concrètement signifier. L'acceptation ? Elle n'aurait pas laissé toutes ses affaires chez leur père, elle les aurait jetées. Le déni ? Elle aurait gardé la bague à son annulaire, comme si tout était comme avant. L'envie de tout laisser derrière ?
Il n'y avait peut-être pas de réponse.
Ils rassemblèrent tout le bazar pour le remettre dans le cochon bien enrobé. Il s'était gavé de souvenirs toutes ces années mais ça faisait longtemps que personne n'y avait jeté des choses idiotes et sans signification alors Hoseok fouilla dans la poche arrière de son jean, plia le ticket de caisse et bourra la narine de l'animal.
— On dirait qu'il saigne de nez, s'esclaffa Sungyu avant de pousser sur le papier.
Il disparut dans les entrailles du glouton.
Maman je t'aime avait glissé à moitié sous le tapis si bien que lorsque sa sœur se releva en faisant bouger le tissu, le message se dévoila à Hoseok. De l'autre côté était inscrit Maman t'aime aussi, mon cœur.
C'était lui qui avait dit à son petit cousin que le cochon exhaussait tout ce que l'on voulait. « Tu vois, par exemple si je mets ces grains de riz dans Saint Cochon, je serai jamais en manque de nourriture. » Les étoiles dans les yeux du petit l'avaient fait sourire. « Essaie toi aussi ! » Le temps de réflexion avait été long mais le soir, le cadet lui avait confié que Saint Cochon ferait en sorte qu'il soit toujours aimé : « Tu manqueras pas de riz, Hobi-hyung, et moi je manquerai pas de câlins, on est quilles ! Non... on est quitte ! Parce que Maman m'a écrit je t'aime ! »
Le papier entre ses doigts était un peu vieux et poussiéreux et Hoseok sentait son cœur se gonfler d'émotion. Il le plaça délicatement dans la coque de son portable. Ces mots qu'il n'avait jamais eus l'occasion de prononcer sonneraient creux dans sa bouche mais dans celle de l'enfant, ils avaient tout leur sens.
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Sauve-toi [Namgi]
أدب الهواةLorsque Namjoon était parti, il s'était résolu à tout quitter. Yoongi n'avait plus rien à faire là. Il n'était plus son meilleur ami, il n'était plus rien pour lui. Non. Namjoon ne voulait pas le revoir, ne voulait plus ressentir les souvenirs s'ama...