Sauve-toi [Namgi]

Euphoria

Lorsqu'il voyait le soleil se coucher,

Et les voix qui revenaient,

Il savait que c'était trop tard pour espérer.

Quand il était entré - sans frapper à la porte - Yoongi était allongé au sol. Un coup de barre, avait-il dit. Et les cernes sous ses yeux étaient si sombres que l'inquiétude avait brûlé dans les pupilles d'Hoseok.

Il avait souri, avait lancé une blague puis s'était étendu à ses côtés pour observer le plafond. Au delà du béton, il y avait un ciel obstrué de pollution. Mais au delà de ce fléau, les étoiles brillaient et ils ne devaient pas les oublier.

La main de Yoongi monta doucement sur son épaule, comme pour attirer son attention : vois-moi, je suis là. Alors Hoseok bascula sur le côté pour le fixer à son tour et écouter la confidence :

— Il avait peur.

Le regard plongé dans le vide, Hoseok lui aussi avait peur. Les jours qui s'enchainent et Yoongi qui change, une fois très joyeux, le lendemain silencieux, la veille tremblant.

Et aujourd'hui à peine vivant.

Il ne savait pas quoi faire et peut-être que lui aussi se sentait un peu démuni.

— J'ai rien fait.

Les paupières fermées, Yoongi murmurait ces mots qu'Hoseok avait mémorisés. Cette pensée revenait souvent et la prononcer à voix haute semblait lui donner l'impression de la rendre plus vraie. Même sans rien savoir, le brun fut d'accord avec lui :

— Nan, t'as rien fait.

Yoongi se mit sur le dos, observa lui aussi le plafond. Et derrière ce plafond, il y avait la pollution dans le ciel. Et derrière cette pollution, il y avait un gouffre sombre dont on ne ressort pas. Il tendit la main sous le regard d'Hoseok.

— Non, justement, je n'ai rien fait.

Et il était là, le problème.

- - -

Sungyu ne savait pas vraiment quoi dire à Yongsun ce matin-là. Oui, elle était rentrée dans la nuit et, non, elle ne comptait pas en expliquer la raison.

Un arrière goût amer restait bloqué dans sa gorge et chaque céréale avalée lui faisait serrer un peu plus les poings. Cette peur dans sa poitrine ne voulait pas partir. Ce sentiment d'humiliation non plus. Il était là et se renforçait sous le regard de sa colocataire.

Elle était revenue parce qu'on l'avait chassée comme une malpropre. Elle était revenue en exilée. Elle était simplement revenue contre son gré.

S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était d'être obligée de revoir ses décisions. Quand elle affirmait quelque chose, elle ne voulait pas devoir le contredire juste après. Etre renvoyée ici, c'était comme revenir à la case départ. Elle avait dit à Yongsun qu'elle ne reviendrait pas avant longtemps et la voilà là, assise devant son bol de lait, ratatinée sur la table.

Son corps lui-même traduisait sa défaite.

— Qu'est-ce qu'il a fait pour que tu te réinstalles ici ?

Sa cuillère tremblait dans sa main, c'était sa fierté qui venait d'être touchée.

Elle marmonna sa réponse si bas que Yongsun lui demanda de répéter.