Boy With Love

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Jin avait les mains qui tremblaient. La nuit lui avait semblé si longue et les mots s'étaient déchainés dans son esprit. D'abord c'était à Sungyu qu'il répétait sans cesse sa haine. Puis c'était debout à fixer la valise qu'il parlait d'une voix chargée de colère.

Et à Sungyu, il disait qu'elle n'existait pas, qu'elle n'aurait jamais dû exister, tandis qu'à la valise, il avouait qu'il ne l'avait jamais réellement aimée et qu'à cette époque-là elle n'était que l'air qui l'empêchait de suffoquer totalement.

Puis il donnait un coup de pied dans Sungyu qui répandait tout son contenu : coquillages, legos, plume d'oiseau et étoiles.

Et il pleurait devant elle, s'accrochait à ses jambes, serrait jusqu'aux bleus, griffait jusqu'au sang, mordait jusqu'à l'os.

Je te hais.

Je suis si désolé.

Pardonne-moi.

Te pardonne pas.

T'es horrible.

Il se souvenait des sourires qu'il lui avait toujours adressés et de l'admiration dans son regard. Il se souvenait des pleurs qu'il retenait lorsqu'il le bousculait trop brutalement ou qu'il l'ignorait simplement.

Jin avait beau répéter ses excuses, elles sonnaient dans le vide et si dans le passé elles n'avaient jamais eu la moindre signification, désormais elles en avaient beaucoup trop. Il n'avait plus personne à qui les dire alors elles restaient logées dans sa gorge comme pour l'étouffer.

La haine bourgeonna, il eut les mains qui tremblaient, il entendit ses propres mots, assénés encore et encore à Sungyu et à la valise, et elles se mélangèrent et il fut seul, mort et détesté.

« Je suis désolé » fit des échos dans son esprit ; on les prononçait toujours trop tard, quand il n'y avait plus personne pour les écouter.

Et Jin fut tout seul, aimé et détestable.

L'aversion de sa mère lui manquait, cette haine douce qu'elle lui vouait quand il ne la méritait pas encore. Avait-il fait tout cela pour elle ?

Parfois Jin se le demandait.

Il trouvait la situation ironique et triste : au moment où elle avait eu toutes les raisons de le haïr du plus profond de son être, elle s'était mise à faire la paix.

Il lui en voulait tellement.

Peu à peu, elle avait commencé à l'aimer et il avait eu tant de mal à y croire qu'il n'avait rien voulu dire à Sungyu. Au fond, cet amour retrouvé lui était-il réellement destiné ?

La réponse qu'il aurait voulue était oui, celle dont il était certain était non.

Ses mains tremblaient ; allongé dans son lit, il entendait son cœur palpiter d'angoisse. Il se revit au volant d'une voiture à fuir une situation qu'il aurait pu éviter.

Cinq ans étaient passés, rien n'avait changé.


- - -



Elle était pleine de poussière.

Namjoon n'aimait pas vraiment la toucher quand elle était comme ça : la sensation qu'elle lui laissait sur les doigts avait tendance à le dégoûter. Ça faisait tant d'années qu'elle n'avait plus été lavée qu'elle aurait peut-être eu besoin d'un bon bain mais le garçon était méfiant. A voir l'aspect de la peluche de son petit frère, il se disait qu'il préférait encore sa tortue sale plutôt que moche.

Sauve-toi [Namgi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant