Sauve-toi [Namgi]

Hold Me Tight

Il pleurait. Encore.

Il n'avait cessé de pleurer et, allongée sur dos, le regard plongé dans le plafond, Sunhye attendait qu'il se taise.

Les minutes passaient étrangement lentement, elle n'était même pas certaine d'avoir fermé l'œil ne serait-ce qu'une heure.

Il avait faim. Peut-être.

Surement.

L'aiguille continuait son chemin, elle se leva, rejoignit la chambre du petit de trois mois, tira une chaise et s'assit à côté du berceau. Il pleurait. Elle n'y pouvait rien, ça passerait. Elle prit un hochet qu'elle agita faiblement devant lui.

Alors que ses cris stridents ne s'apaisaient pas, elle scella ses paupières et s'imagina l'appartement silencieux. Elle était seule, son mari était à l'observatoire, on pouvait entendre le vent qui soufflait et tout était calme.

Tout était si calme.

Elle devrait le prendre contre elle pour le bercer mais ses bras tremblaient trop alors elle craignait de le lâcher. Elle effleura les cheveux courts sur le haut de son crâne en lui chuchotant de se taire.

— La voisine va finir par prendre son balais. Elle va taper sur le plafond. Tais-toi maintenant. Tais-toi s'il te plait.

Elle croisa ses bras sur le bord du berceau avant de poser son front par dessus.

— Chuuut... Chuuut...

Elle peinait à reconnaitre sa voix tremblante. Elle peinait à sentir les larmes glisser sur ses joues.

— Tais-toi...

Elle renifla, pleura avec lui, lui répéta les mêmes mots encore et encore, mais sa berceuse faiblissait peu à peu. Au bout de dix minutes, voyant qu'elle était incapable de le rendre silencieux, Sunhye partit se recoucher.

Elle ne servait à rien, pourtant elle murmura une mélodie de 'Tais... Toi. Tais... Toi. Tais... Toi.' tout en tenant sa tête qui semblait comme compressée. Observer le plafond pendant des heures constituait l'essentiel de ses nuits depuis quelques semaines.

Dosung rentra vers quatre heures du matin alors que Seokjin était calme, si bien que lorsqu'il lui demanda comme ça s'était passé, elle répondit qu'il avait été sage.

— Tu l'as nourri ?

Sa tête bascula sur le côté pour observer son mari s'asseoir sur le lit, puis le reste de son corps suivit, elle tendit une main, effleura sa cuisse, voulut qu'il la prenne dans ses bras mais en répondant que non, elle ne l'avait pas encore fait, il se releva pour aller préparer un biberon.

Il revint avec le bébé qui buvait dans les bras, se posa à côté d'elle en souriant malgré la fatigue qui tirait ses traits. Sunhye, face à cette scène, se sentit de trop. Son mari savait comment porter son fils, comment s'en occuper, comment l'aimer. La jeune femme avait beau essayer, voir respirer l'être qui avait grandi pendant neuf mois dans son ventre semblait l'avoir refroidie.

Elle effleura la peau douce du petit sans parvenir à faire le lien avec elle-même. C'était son fils, pourtant, à elle aussi ; pourquoi cette pensée lui semblait si confuse ?

Elle lâcha un léger rire en se disant que ce n'était pas bien grave.

A défaut d'avoir une bonne mère, il avait au moins un bon père.

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