「 Terrorisées, elles se réfugièrent dans le placard de la chambre. Pour ne plus entendre les bruits de la maison, fouillée de fond en comble par les employés du ministère de la magie, les deux jeunes soeurs se murmurèrent l'une à l'autre : « Unutm...
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Feryel demeurait figée, front appuyé contre la vitre givrée de la calèche qui lui faisait descendre le Mont Superioara. Derrière elle, les tours noires du manoir de Suroj s'effaçaient lentement dans la brume bleutée de l'aube.
Devant elle, les Alpes de Transylvanie s'étendaient à perte de vue, nues, solennelles, recouvertes d'un manteau si blanc qu'il en devenait presque invisible.
Un silence spectral régnait, comme si le monde entier retenait son souffle, suspendu dans un moment d'effroi figé.
Feryel ne s'était pas retournée. Pas un mot, pas un regard. Elle avait quitté sa grand-mère comme on quitte un cadavre : avec cette étrange certitude qu'il n'y a plus rien à dire, plus rien à espérer.
Même après coup, elle ne regrettait pas. Leurs esprits, trop englués dans les révélations, se heurtaient l'un à l'autre comme deux plaques tectoniques prêtes à fracturer le sol.
Alors elle s'était tue. Elle avait préféré le silence à la guerre.
De toute façon, il n'y avait plus de guerre.
Dans le vacarme de ses pensées, une question revenait sans relâche, obsédante : Pourquoi Dumbledore ? Pourquoi les envoyer, elles, dans la Chambre ? Était-ce une ruse, un sacrifice ? Une mise à l'épreuve ?
Avait-il seulement cru, ne serait-ce qu'un instant, que Tom Jedusor pouvait éprouver une once d'humanité pour ses petites-filles ?
Cela aurait été terriblement naïf. Ou incroyablement désespéré.
Mais cette énigme, aussi dérangeante soit-elle, ne l'empoisonnait pas autant que l'autre vérité.
Celle qu'elle n'aurait pas le courage d'affronter dans le regard d'Erzsébet.
Tom Jedusor. Lord Voldemort. Leur grand-père.
On leur avait appris à haïr Voldemort comme un mythe. Une créature de l'ombre. Mais désormais, le monstre avait un visage, une voix, un nom sur leur arbre généalogique.
Et cela changeait tout. Et cela ne changeait rien.
La calèche s'arrêta dans un grincement sourd, aux abords du village de Rășinari. La neige l'avait enseveli dans un silence funèbre. Feryel descendit sans un mot, serrant sa cape autour de ses épaules amaigries, ses doigts tremblants cherchant un semblant de chaleur.
Ses genoux cédèrent. Elle s'effondra dans la neige, haletante. Une toux rauque lui déchira la gorge, sèche, douloureuse, presque animale. Son souffle formait des nuées brisées dans l'air glacé.
Elle grelottait violemment, incapable de bouger.
Elle avait froid. Son dernier repas remontait à plusieurs jours, mais elle n'avait pas faim.
Ou plutôt, elle ne voulait pas manger.
Elle poussa la porte d'une auberge étroite, perdue dans un recoin de ruelle, comme on entre dans un abri en plein orage. L'intérieur était baigné d'une chaleur brute, saturée de rires et de voix épaisses. Autour de deux grandes tables chargées de viande saignante et de bouteilles d'eau-de-vie, des garçons robustes s'agitaient en uniforme rouge et brun. Durmstrang.