「𝟠𝟜」Arrête-moi si tu peux (en réécriture)

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1er décembre 1997, Budapest, Hongrie


"Vin chaud ! Venez goûter notre vin chaud, le meilleur de Budapest !"

Si l'hiver avait pointé le bout de son nez avec un peu trop d'avance selon le calendrier grégorien, personne dans les rues de Budapest ne semblait vouloir s'en plaindre. Les dix centimètres de neige qui pavaient les rues du nord de la Hongrie n'empêchaient pas femmes, enfants et grands-parents de s'atteler aux achats des fêtes de fin d'année et chaque vitrine de boulangerie concurrençait un peu plus les autres, affichant d'immenses sculptures de biscuits, pain d'épices et autres sucreries de saison. 

Une amusante coïncidence voulut qu'Erzsébet s'arrête dans l'avenue principale du quartier Erzsébetváros pour prendre le temps d'admirer ce joli spectacle hivernal. Elle n'était arrivée en Hongrie que depuis deux semaines, la collaboration entre les services secreys des ministères l'obligeant à adopter une prudence extrême dans ses déplacements. Après avoir mis des jours à traverser toute l'Europe centrale en brouillant les pistes, Erzy avait élu domicile dans un hôtel cossu du onzième arrondissement de la capitale, soit à l'opposé du lieu où se trouvait la boîte postale qu'elle avait loué pour recevoir du courrier de son seul et unique correspondant, Viktor Krum.

Les journées d'Erzsébet se devaient d'être minutieusement préparées, de sorte à n'éveiller les soupçons de personne. Elle prenait ainsi soin de ne jamais entrer et sortir de l'hôtel aux mêmes heures quotidiennes, d'emprunter si possible des itinéraires différents pour les mêmes destinations et de perdre le moins de temps possible à errer dans les rues. Erzy passait ainsi ses journées à fouiller les archives de la ville, tantôt dans les bibliothèques, tantôt dans les bâtiments administratifs auxquels elle avait accès grâce à une fausse carte de fonctionnaire. Une fois par semaine, elle se rendait au sud de la ville pour récupérer les lettres que son ami d'enfance lui envoyait pour la tenir au courant des évènements dont il avait eu connaissance. 

Elle était censée rentrer à l'hôtel avant que la nuit ne tombe, mais les odeurs sucrées de la grande avenue eurent raison de sa nostalgie. Adossée contre la vitrine d'une boutique de jouets, Erzsébet regardait les passants aller et venir sous les lumières des guirlandes et les sons de cloches des pères Noël déguisés. Elle glissa ses mains dans les poches lainées de son grand manteau marron, le front couvert par une chapka blanche achetée en Russie il y a de cela plusieurs mois. Les quelques flocons de neige qui tombaient encore du ciel étaient propices aux songes, aussi Erzy ne put s'empêcher de faire le bilan de ces jours passés à chercher les traces de son passé compliqué. Rien dans les archives nationales et dans les thèses d'historiens ne mentionnait autre chose que László Hollóhát, premier du nom à s'être installé en Hongrie après avoir quitté l'Angleterre. Les quelques autres informations qu'elle était parvenue à dénicher venaient de sources qu'elles considéraient comme peu fiables, comme la fois où une bibliothécaire sénile avait laissé entendre que le père de László était un noble britannique violeur et meurtrier, ou encore la conversation qu'elle avait intercepté entre deux étudiants qui attribuaient aux Hollóhát un coefficient intellectuel inégalé.

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant