「𝟟𝟟」Roulotte et roulette russe

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9-10 avril 1996, Europe de l'est


Viktor Krum devina qu'Erzsébet s'était apaisée derrière ses épaisses lunettes de soleil lorsque les plis de son front se détendirent. Il décrocha alors sa grosse main de l'épaule frêle de la jeune femme, dont il sentait avec un certain effroi les os sous la peau. 

"Tu n'as pas grossi depuis la dernière fois, Erzy..." lança-t-il de sa grosse voix tandis que Lupo, posé derrière lui, se contenta de la saluer d'un geste de tête amical. 

Les pupilles encore dilatées et les yeux grands ouverts, Erzy expira profondément pour extérioriser une partie de son angoisse. Peu importe qu'il s'agisse d'un ami qu'elle aurait voulu croiser en d'autres circonstances ou d'un membre de l'Ordre du Phénix. Rien à ses yeux ne pouvait pas plus mal tomber que la vision d'un employé du ministère à sa recherche.

Elle leur fit rapidement signe de s'asseoir, craignant que leur présence soudaine n'interpelle les voyageurs.

- "Qu'est-ce que vous faites ici ?!" murmura-t-elle fermement en se penchant vers eux tandis qu'ils s'installèrent dans le calme. "Comment m'avez-vous reconnue ?"

"Peu de paysannes ont des lunettes de créateur et une manucure aussi impeccable" répondit le bulgare souriant, les bras croisés contre son torse couvert d'un uniforme rouge et brun. "Et je te connais depuis si longtemps que je serais capable de te reconnaître même si tu perdais encore dix kilos."

Erzsébet le fixa un court instant en fronçant les sourcils. La dernière fois qu'elle avait vu Viktor remontait à ces précieuses années où sa soeur et elle pique-niquait dans les jardins fleuris de Poudlard en compagnie d'Hannah, de Cedric et des jumeaux Weasley. La mélancolie la gagna un court instant avant qu'une énième secousse du train ne disperse ses pensées. 

Elle s'adossa à nouveau contre son siège et ajusta le foulard qui lui entourait la tête, constatant discrètement mais avec une certaine satisfaction que les passagers du train ne leur prêtaient pas la moindre attention. Erzsébet croisa alors le regard de Lupo qui souriait silencieusement, les poignets croisés sur ses genoux. Bien qu'elle répondit cordialement à son sourire, Erzy ne pouvait s'empêcher de ressentir à l'égard du métisse une méfiance que trahissait la dureté de son regard. Le sourire du jeune homme s'agrandit alors, toujours empli de cette sagesse qui lui était propre.

- "Je sais ce que tu penses, Erzsébet. Mais je n'ai été envoyé par personne."

Les yeux de Lupo Akingbade étaient toujours aussi petits et noirs et sa camarade remarqua que les cernes provoquées par ses insomnies s'étaient davantage creusées. Il continua :

"Je n'ai pas rejoins l'Armée de Dumbledore par affection pour Potter ou par conviction d'être dans le bon camp. Je l'ai fait parce que j'y ai trouvé des gens qui m'ont aidé à comprendre qui je suis et à maîtriser ce qui me gâche la vie depuis que ce corps m'a été attribué."

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant