「 Terrorisées, elles se réfugièrent dans le placard de la chambre. Pour ne plus entendre les bruits de la maison, fouillée de fond en comble par les employés du ministère de la magie, les deux jeunes soeurs se murmurèrent l'une à l'autre : « Unutm...
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30 décembre 1988, Manoir Izolat, Roumanie
Erzsébet tenait fermement la main de Feryel, qui courait aussi vite qu'elle.
Elles n'avaient pas eu le temps d'enfiler quoi que ce soit aux pieds, ni de mettre un manteau. Sans trop savoir comment ni pourquoi, elles s'étaient retrouvées à fuir quelqu'un — ou quelque chose — qui les poursuivait depuis l'intérieur du manoir. Le sol graveleux de la montagne leur lacérait les pieds, et le froid polaire du soir paralysait presque tous les membres de leurs petits corps frêles. Parfois, elles s'emmêlaient les cheveux dans les branches des arbres qui encerclaient le manoir, dont la silhouette terrifiante donnait l'impression d'être faite de squelettes géants. Pourtant, elles continuaient à s'enfoncer dans la nuit obscure et incertaine de Transylvanie, cherchant à tout prix à ne pas être rattrapées.
La lumière de la lune pénétrait abondamment par la grande fenêtre de la chambre. Erzy et Fery se fixaient depuis quelques secondes sans rien dire, les yeux écarquillés. Elles avaient fait le même rêve. Elles le comprirent d'emblée. Et elles s'apprêtaient maintenant à faire la même chose. Levées de leur lit, main dans la main, elles sortirent de la chambre pour aller rejoindre leur grand-mère, qui avait le remède miracle pour empêcher les cauchemars de revenir hanter leurs nuits.
— "Grand-mère... On a fait un cauchemar."
Ferdaous sursauta légèrement en entendant les voix des petites filles, qu'elle n'avait pas vues entrer dans la pièce. Elle leur adressa un sourire doux, posa son livre sur la table de chevet et leur fit signe de venir la rejoindre de part et d'autre du lit.
— "De quoi avez-vous rêvé cette fois-ci, mes petites chéries ?"
Feryel se souvenait parfaitement du rêve. Erzsébet aussi. Pourtant, quelque chose en elles les empêchait de tout lui raconter.
— "De vampires," répondit Feryel, la tête posée sur le sein gauche de sa grand-mère.
— "Dracula avait kidnappé des enfants dans le village d'en bas et les avait emmenés dans le mont d'en face pour boire leur sang", ajouta sa sœur.
— "Allons, les filles, les vampires ne vous feront jamais de mal. Et Dracula a disparu depuis bien des années. De toute façon, j'ai placé des gousses d'ail tout autour de la maison. Aucun vampire n'osera jamais s'en approcher."
Elle les serra tendrement contre elle et passa une main dans les cheveux de chacune.
— "On va chanter pour chasser les vilains monstres de vos têtes."
Les filles hochèrent la tête et fermèrent les yeux. Elles entamèrent à l'unisson avec leur grand-mère l'air apaisant qu'elles connaissaient par cœur.
« Unutma, unutma, que jamais je ne t'oublierai Unutma, unutma, que pour toujours je t'aimerai Unutma, unutma, à la mort je te protégerai Unutma, unutma, car le sang ne trahit jamais. »