「𝟙」Les captives

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7 janvier 1979, Manoir Izolat, Roumanie

Il se passa à peine une semaine après la naissance des jumelles lorsque Marius se résigna à quitter la Roumanie.

Il avait d'abord songé à envoyer une lettre au professeur Carvalhal, directeur de Castelobruxo où il avait jadis fait ses études, pour lui demander quelques semaines de congé et contacter son collègue João Coelho pour qu'il assure à sa place les cours d'apprivoisement des créatures magiques. Un soir de désarroi, alors que les deux enfants dormaient profondément dans le berceau que leur mère avait confectionné et décoré des mois avant de les quitter, il envisagea même d'abandonner ses travaux de magicozoologie pour se consacrer entièrement à l'éducation d'Erzsébet et Feryel.

Sa mère, Ferdaous Shafiq, avait passé la semaine à regarder son fils avec inquiétude. Il ne mangeait rien, passait ses journées à regarder par la fenêtre le paysage se dégeler sous un soleil anormalement brûlant pour un mois de janvier en serrant fort contre lui les deux petits êtres fragiles que sa femme lui avait laissé. Il ne leur disait pas un mot, mais nichait son nez dans leur cou pour sentir leur odeur et passait doucement ses doigts à travers leurs cheveux blonds et soyeux. Ferdaous compris vite ce qu'elle voyait, Marius s'imaginait que l'esprit de Liv était présent dans ses filles, que par un procédé miraculeux, elle s'était réincarné dans leur corps et qu'elle pouvait encore sentir sa présence. Marius aimait ses filles, cela ne fait aucun doute, mais il ne les aimait pas de la bonne façon et personne ne savait mieux que Ferdaous que la meilleure façon de détruire quelqu'un était de ne pas savoir l'aimer correctement. Elle parla doucement pour ne pas réveiller les jumelles qui venaient de s'endormir sur son lit, son fils allongé à côté d'elles.

- "Marius, mon fils... Tu devrais retourner à Castelobruxo. Je sais ce que tu ressens, personne ne sait mieux que ta vieille mère ce que cela fait de devoir gérer la naissance d'un enfant et l'absence irréversible de l'autre parent. Tu ne veux pas l'entendre mais tu sais que j'ai aimé ton père, profondément. J'ai pourtant dû me résoudre à le quitter pour ton propre bien, et j'ai su t'aimer comme je n'ai jamais aimé personne, d'un amour différent, unique, celui d'une mère à son fils. Tu n'es pas en mesure de les aimer comme je t'ai aimé, meu filho, pas encore... Retourne en Amazonie pour tes recherches, la forêt t'a toujours fait du bien. Reviens les voir lorsque tu iras mieux, tu sais que j'en prendrai grand soin jusqu'à tout retour ".

Seule la fatigue physique et psychologique de Marius l'empêchait de se mettre en colère lorsque sa mère osa parler de son père, l'homme qu'il n'avait jamais connu et qu'il déteste le plus au monde. Il se sentait à bout, amorphe, plein de confusions dont il savait qu'il n'arriverait pas à se défaire tant qu'il restait entre ces quatre murs. Il expira longuement et répondit d'une voix fatiguée.

"Entendu, Mamãe. Je pars demain, à condition que tu me promettes de ne jamais les faire sortir d'ici tant que je ne te l'aurai pas demandé. J'ai promis à Liv de les protéger et... s'il leur arrivait la moindre chose... je ne me le pardonnerai jamais."

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant