「 Terrorisées, elles se réfugièrent dans le placard de la chambre. Pour ne plus entendre les bruits de la maison, fouillée de fond en comble par les employés du ministère de la magie, les deux jeunes soeurs se murmurèrent l'une à l'autre : « Unutm...
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27 décembre 1978, Manoir Izolat, Roumanie
Depuis presque une semaine, les Alpes de Transylvanie étaient assiégées par une tempête de glace. Un froid si brutal qu'on n'en avait pas vu de semblable depuis deux cents ans.
Les derniers paysans des hauteurs avaient fini par descendre. Le gel, le vent et les alertes répétées avaient eu raison de leur résistance. Le gouvernement moldu, fidèle à son pragmatisme froid, avait publié un avertissement sans détour : ceux qui choisiraient de rester en altitude le feraient à leurs risques et périls.
Dans tout le sud du pays, un son sourd et lugubre grondait régulièrement dans l'air. Une alarme au timbre soviétique, diffusée à la radio, à la télévision, et relayée par des haut-parleurs installés jusque dans les cols.
Elle perçait l'air comme une menace.
Mais pas ici.
Marius avait pris ses précautions. Le manoir était protégé par un sortilège d'insonorisation sophistiqué, tissé avec soin le long des murs et jusque dans la charpente. À l'intérieur, le silence était total. Presque un peu lourd.
Autour du manoir, tout était figé. La neige crissait sous les bourrasques. Le vent hurlait, cognant contre les pierres, s'engouffrant dans les fentes.
Ferdaous, la maîtresse de maison, était postée près de la grande horloge du vestibule. Était-il l'heure de servir le dîner ? Impossible de s'y fier au soleil : il avait disparu depuis des jours.
À l'étage, dans une chambre au troisième niveau, trois bougies seulement vacillaient sur le grand lustre. Leur lumière pâle dansait sur les murs, où le blanc avait viré au bleu, reflétant les montagnes glacées qui cernaient la demeure.
Dos à la fenêtre, Marius de Suroj parlait sans vraiment s'adresser à quelqu'un.
— "Très bien... ce sera Erzsébet Rose pour la première."
Son regard, perdu dans la nuit extérieure, trahissait un esprit ailleurs. Plus que d'habitude.
Allongée sur le lit, Liv Rosier ne répondit pas tout de suite. Son teint naturellement diaphane, héritage d'un parent vélane, semblait presque translucide. Elle glissa lentement ses doigts sur son ventre arrondi.
— "Oui," murmura-t-elle. "C'est parfait comme ça."
Un silence, dense.
— "Mère a proposé Feryel pour la seconde", reprit Marius, sans se retourner.
— "Feryel ? Qu'est-ce que ça signifie ?"
Il mit du temps à répondre. Pas par oubli. Mais comme s'il pesait encore le poids du nom, sa résonance.
— "Justice. En arabe. C'était le nom de la grand-mère de ma mère. Une sainte femme, paraît-il."
À l'évocation du prénom, Liv frémit. Un tressaillement parcourut son ventre, léger mais net. Comme une réponse.