「𝟞𝟟」Si les morts pouvaient parler

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10 février 1996, Poudlard

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10 février 1996, Poudlard



Comme tous les soirs depuis le début de l'année, Erzsébet ne parvint à s'endormir qu'en essayant de rester éveillée. Il était deux heures du matin lorsque, vêtue d'une chemise de soie aux couleurs de sa maison, elle s'était installée à son bureau pour lire dans son manuel de métamorphose le chapitre relatif aux transformations des fluides.

Épuisée, sa plume bleue lui était tombée des mains et tâcha le parquet brun de la chambre vide. Vide du serpent qui ère ici et là, du fantôme qui tourne en rond dans les couloirs de Poudlard et de Feryel qui semblait s'être enfermée dans une bulle avec Aloïs pour fuir la tragique destinée qui serait la sienne dans quelques mois. Ainsi, rien ni personne ne vint perturber le sommeil agité de la cadette des jumelles.

Erzsébet détestait dormir parce qu'une fois plongée dans les bras de Morphée, elle n'était plus en mesure de contrôler ses pensées et, comme un exutoire, son esprit profitait de ce rare moment de répit pour ressasser l'intégralité des choses qui la tracassait. Lorsque la chevelure flamboyante de Fred ne venait pas teinter son repos d'amertume, Erzy pensait à Liv, à Marius, à Tom et au fait qu'elle ne savait plus quoi faire de toutes ces interrogations. Parce qu'elle s'était gardée d'y penser pendant bien trop longtemps, Ferdaous refit surface dans la tête de sa petite fille à travers le douloureux souvenir de ses années passées à Poudlard au bras du Seigneur des Ténèbres.

Erzsébet entendit les cris de douleur de sa grand-mère comme si elle était dans la même pièce. Elle se rappela du son que faisaient les sortilèges de Tom contre le dos nu de son amante, du bruit sourd de ses genoux tombant au sol, du rire du grand brun aux yeux avides et des gémissements de celle qui finirait pourtant par porter son enfant. La scène insoutenable se rejoua dans l'esprit d'Erzy qui se souvint que dans le fond de la pièce, un grand blond aux yeux tristes tremblait de peur et de rage en voyant celle qu'il aimait se faire massacrer.

À sept heures, les rayons du soleil fraîchement levé vinrent chatouiller les lèvres d'Erzy dont le visage s'était collé à la page du manuel traitant de la pierre philosophale. Le bruissement d'ailes d'un des rapaces de Poudlard finit de l'éveiller puis, comme chaque matin, elle dût faire le bilan de ses rêves quasi-éveillés.

Le problème de leur triangle amoureux, c'est que le gentil de l'histoire n'avait pas été assez courageux pour sauver sa belle. Mais Fred, lui, il n'est pas au courant pour Lestrange... Sinon, il aurait essayé de me sauver...

Cette déduction frappa l'esprit embrumé d'Erzsébet comme une évidence. Elle ne s'attarda pas davantage là-dessus, d'une part parce qu'elle préférait oublier tout ce qui lui passait par la tête au réveil et parce que la chouette grise commençait à s'impatienter derrière la fenêtre.

Erzy se redressa sans précipitation et ouvrit la fenêtre pour réceptionner le courrier. Outre les publicités de cours particuliers venant tout droit du nouvel institut d'aide au devoir du chemin de Traverse, Erzy reçut un courrier parfumé à la cannelle et dont l'enveloppe verte et violette l'intrigua. Une analyse rapide de l'écriture du destinateur lui fit écarquiller les yeux. Fred.

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant