「𝟞𝟠」Ad vitam æternam (en réécriture)

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1er mars 1996, Manoir Rosier

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1er mars 1996, Manoir Rosier

Chantal avait dit qu'il faisait beau ces dernières semaines mais aujourd'hui, le soleil s'était timidement caché derrière d'épais nuages blancs et il n'avait même pas daigné apparaître un instant au moment de la cérémonie. Par les immenses fenêtres du grand salon rectangulaire de l'aile gauche du manoir, on pouvait apercevoir le ciel pâlot retenir de toutes ses forces les rayons méridiens tandis que les feuillages à nouveau verts frissonnaient sous la brise printanière.

Seule dans l'immense pièce aux murs et aux reliures blancs, Feryel s'était assise dans un fauteuil victorien et croisait les jambes en agitant d'un air absent le verre de cristal dans lequel se trouvait encore un fond de vin rouge. Sa jambe gauche, croisée sur sa jumelle, était intégralement dévoilée par la fente de sa longue robe de satin immaculée et sur ses cuisses était posé un roman de Lovecraft dont elle avait abandonné la lecture. Elle regardait les employés débarrasser les dernières chaises ornées de noeuds vert émeraude, constatant qu'ils se pressaient tandis que les feuillages ne cessaient de s'agiter.

Lorsque l'arrière du jardin fut entièrement débarrassé des artefacts qu'elle avait fini par accepter pour faire plaisir à Aloïs, son regard se plongea dans l'entrée du bois à la sortie du manoir. Ce même bois où la vie de Tom Jedusor aurait pu prendre un tournant radicalement différent s'il avait fini par essayer d'aimer celle qui n'avait eut d'yeux que pour lui. Le vent s'agita de plus belle et Feryel se souvint que des mois étaient passés sans que Ferdaous ne leur donne la moindre nouvelle, que Tom parcourait l'Europe à la recherche de son cadavre et qu'il lui était impossible de rentrer en Roumanie pour s'assurer qu'elle était toujours en vie. Elle serra son emprise autour du verre à vin lorsque soudain, le bruit de son brisement sourd l'extirpa de ses pensées. Si Cthulhu avait bien bu la tasse, la robe de mariée de Fery était à présent ornée d'une grande tâche bordeaux rappelant le drapeau du Japon. Elle soupira longuement avant de se redresser pour essorer sa robe lorsqu'un sifflement l'interpella à l'autre bout de la pièce.

Ssssh... Tu sais ce qu'on dit... Mariage pluvieux, mariage heureux.

Sur l'immense buffet en ivoire où était disposée une collection de vase chinois, une petite vipère noire à la langue rose sifflait froidement tandis que sa note d'humour laissa Feryel esquisser un sourire.

- Alors, tu es venue.

Je n'allais quand même pas rater ton mariage.

Fery interrompit un instant la conversation en fourchelang pour jeter un sortilège de blanchiment sur sa robe de mariée.

- Ça me fait plaisir de te voir, tu sais. Erzy, Drago et toi êtes les seules personnes que je souhaitais voir à mon mariage.

Tu étais ravissante sous l'arche. Je suis heureuse pour vous deux... Mais...

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant