「𝟙𝟜」Rendez-moi les oiseaux

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21 août 1994, Gare de King's Cross, Londres

La veille, George et Feryel avaient passé une soirée inattendue mais douce chez les Krum. L'invitation à y rester dormir s'était imposée d'elle-même. À l'aube, un choc sourd contre la vitre du salon les avait réveillés : Errol leur avait apporté un mot de Fred, griffonné à la hâte à la demande d'Erzsébet :

« On se retrouve à 6h à la gare de Sighişoara. On a vos affaires. On vous expliquera tout là-bas. »

Le train avait démarré il y a trois heures déjà.

Dans un des wagons de première classe, les frères Weasley dormaient à poings fermés, lovés contre les cuisses des jumelles. Assises face à face, Erzsébet effleurait distraitement la joue de Fred du bout du pouce, les yeux perdus dans le défilement des plaines anglaises. Feryel, de son côté, glissait machinalement ses doigts dans les cheveux de George, qu'elle avait soigneusement tourné sur le flanc gauche pour éviter ses ronflements.

Depuis que les garçons s'étaient endormis, les jumelles n'avaient plus échangé un mot. Le silence n'était pas pesant, mais dense. Feryel, les traits tendus, recomposait mentalement le puzzle de leur lignée. 

La réaction de leur grand-mère l'avait troublée plus qu'elle ne voulait l'admettre. Comme Erzsébet l'avait pressenti, il était désormais possible que leur grand-père soit encore vivant. 

Et pire encore — que son passé soit bien plus noir qu'elles ne l'avaient cru.

Erzsébet fixait le paysage, mais ne le voyait plus. L'image de sa dispute avec leur grand-mère la hantait. La douleur l'étranglait. Elle s'en voulait profondément d'avoir blessé celle qui les avait élevées, protégées, aimées comme une mère. 

Il dormait profondément, le visage détendu, presque enfantin. Son souffle chaud contre sa peau, le poids rassurant de sa tête contre elle.

Cela suffisait à adoucir un peu son chagrin. Elle sourit, fragilement, et rompit enfin le silence.

— "Il a passé la nuit à me caresser les cheveux pour m'aider à m'endormir."

Son sourire se fana aussitôt. Un soupir lui échappa, lourd de peur.

— "Il me quittera si on découvre que notre grand-père est un Mangemort encore en vie."

Feryel laissa retomber les cheveux de George et tendit la main vers sa sœur. Elle l'attrapa doucement, puis la serra fermement. Son regard calme était sans équivoque.

— "Il ne te quittera pas. Et même s'il le faisait, je serai toujours là. On n'a pas besoin des Weasley. Ni de Dumbledore. Ni de personne."

Elle entrelaça leurs doigts.

— "Le sang ne trahit jamais. C'est tout ce qui compte."

Dans les yeux de sa sœur, Erzsébet trouva enfin l'ancrage qu'elle avait désespérément cherché la nuit précédente, seule dans le lit, à ressasser ce qu'elle imposait à Fred. Entre elles, il y avait cette force, ancienne et indestructible, qui les dépassait. Une vérité innée. Une promesse silencieuse.

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant