「 Terrorisées, elles se réfugièrent dans le placard de la chambre. Pour ne plus entendre les bruits de la maison, fouillée de fond en comble par les employés du ministère de la magie, les deux jeunes soeurs se murmurèrent l'une à l'autre : « Unutm...
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25 juin 1995, Manoir Rosier
Des yeux gris, des lèvres chaudes, un bruit sourd... puis le vide. Un regard mort.
Feryel se réveilla en sursaut, le souffle coupé, le cœur affolé, étranglée par un cri qu'elle n'avait pas pu retenir.
— "Cedric !"
Ses draps étaient trempés de sueur. Ses doigts s'agrippaient frénétiquement au tissu comme pour empêcher son rêve de se dissiper trop vite. Elle croisa le regard d'Erzsébet, surprise, qui s'était figée à mi-chemin entre la coiffeuse et le lit, une brosse dorée encore en main.
La lumière crue du matin baignait la pièce d'un éclat trop vif.
— "Tout va bien, Fery ?" demanda-t-elle d'une voix douce, en reposant lentement l'objet sur la table de chevet.
Feryel ne répondit pas. Elle enfouit son visage contre l'oreiller, comme pour fuir le monde, ou l'instant. Son souffle était court, haché. Ses épaules tressautaient encore. Elle avait pleuré toute la nuit.
Erzsébet s'approcha en silence, s'assit au bord du lit, et entreprit de tresser mécaniquement les longues mèches brunes de sa sœur. Ses doigts, pourtant sûrs, tremblaient légèrement. Elle savait qu'aucun mot ne pouvait panser une telle douleur, alors elle tissait du silence, en même temps que les cheveux de Feryel.
Car ce n'était pas seulement la perte de Cedric qui accablait Feryel. C'était l'effondrement d'un repère. Une certitude qui se fissurait. Quelque chose de plus sourd, de plus profond. Un vertige.
Leurs grands yeux étaient souvent les mêmes, mais ce matin-là, ceux de Feryel semblaient vides, déconnectés, presque blancs.
Elle n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qui la rongeait. Le trouble n'était pas rationnel. C'était une intuition insupportable. Un désordre moral.
Elle murmura enfin, la voix brisée :
— "Pourquoi est-ce que ça me paraît si... mal, la mort de Cedric ? Il y en a eu d'autres, je le sais, on me l'a appris. Mais pas lui. Pas... comme ça."
Erzsébet laissa couler le silence, le cœur pincé. Elle revoyait Fred. Elle pensait à ses sourires, à sa chaleur, à ce qu'elle s'était longtemps interdit de ressentir. Feryel lui avait rappelé si souvent à quel point l'attachement était dangereux. Et maintenant, elle s'effondrait à son tour pour un étranger.
— "Je sais que ça fait mal, Feryel..." dit-elle enfin, la voix rauque. "Mais Cedric n'est pas le premier. Il ne sera pas le dernier..."
— "Aloïs..." coupa Feryel, sans relever la tête. Sa voix était sourde, nouée. "Il l'a fait exprès. Je suis certaine qu'il l'a—"