「 Terrorisées, elles se réfugièrent dans le placard de la chambre. Pour ne plus entendre les bruits de la maison, fouillée de fond en comble par les employés du ministère de la magie, les deux jeunes soeurs se murmurèrent l'une à l'autre : « Unutm...
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15 juillet 1995, Manoir Rosier
Cela faisait treize nuits que Feryel ne parvenait plus à trouver le sommeil. Pourtant, chaque soir, elle répétait le même rituel : elle quittait le rebord de la fenêtre où elle passait ses journées à observer les frémissements des arbres, éteignait la lumière, puis rejoignait sa sœur dans le grand lit de leur mère.
Depuis ce jour maudit où Aloïs était mort avant de renaître, l'aînée des jumelles n'était jamais retournée à l'entraînement. Ses journées se réduisaient à fixer la cime des bois, somnolant parfois quand la chaleur des vitres lui accablait les paupières. Ce soir-là encore, elle attendit qu'Erzsébet s'endorme pour se glisser hors du lit, vêtue de sa chemise de nuit blanche, et quitter la maison en silence, direction le cimetière enfoui dans le bois.
Pieds nus dans l'obscurité, le baladeur moldu serré dans la main et des écouteurs dans les oreilles, elle s'aventura sous la voûte des arbres. Les morceaux de The Virgin Suicides d'Air s'enchaînaient, les basses faisant battre son cœur à contre-rythme de la nuit.
Ce soir, un fantôme errait encore entre les sculptures de marbre. Mais cette fois, Feryel crut reconnaître le visage éthéré d'une grande blonde aux yeux tristes qu'elle avait croisé il y a cinquante ans.
— "Druella ?" murmura-t-elle, troublée par les reflets dorés de ses cheveux. Le spectre se retourna, intrigué.
— "Attends... Je te connais, toi. Madalina, c'est bien ça ? Tu as une sœur, n'est-ce pas ?" demanda-t-elle, d'un ton doux mais perplexe. "Que fais-tu ici, toujours aussi jeune ? Es-tu morte, toi aussi ?"
— "Je ne suis pas un fantôme. Ma sœur et moi... nous sommes les arrière-petites-filles d'Alexandre, ton cousin. Nos chemins se sont simplement croisés dans le passé."
Druella observa un instant Feryel dont les pieds étaient égratignés par les branches du sous-bois. Feryel rangea son baladeur dans son décolleté, faute de poches. Puis Druella pivota et glissa lentement jusqu'à un banc près de sa propre tombe, gravée d'une date de mort à vingt ans.
— "J'ai... oublié mes chaussures," avoua Feryel, honteuse. Druella ricana, un rire cristallin et glacial, puis lui fit signe de la rejoindre.
— "Ma pauvre fille... Ils t'ont rendue folle, eux aussi."
Feryel acquiesça, incapable de le nier. Elle s'assit à ses côtés. Druella portait une robe de velours noir, ornée d'un nœud papillon élégant soulignant son visage pâle et ses boucles parfaites.
— "Au moins tu es morte bien habillée," lança Feryel, amère. Son premier sourire en dix jours.
— "Tu parles ! Il a arrangé mon cadavre comme une poupée : coiffée, maquillée, habillée de noir... Le veuf modèle."