「𝟠𝟙」Le jour du Seigneur (en réécriture)

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1er septembre 1996, Saint-Petersbourg


"C'est fou ce qu'il y a comme étudiant aujourd'hui !"

- "Réveille-toi Viktor, c'est la rentrée."

Viktor Krum, vêtu de son uniforme russe, marchait d'un pas en harmonie avec ceux de sa camarade, contemplant avec fascination les hordes d'étudiants traverser le beau jardin Mikhaïlovski. Rangés en rangs quasi-militaires, demoiselles et damoiseaux s'avançaient fièrement vers l'entrée de la splendide cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé où se trouvait l'entrée secrète de Koldovstoretz. 

Erzsébet regardait droit devant elle en marchant vite, faisant voler de gauche à droite sa longue chevelure qui lui caressait les lombaires. Le biceps saillant de son bras droit témoignait des dures heures d'entraînement auxquelles elle avait dû se soumettre durant l'université d'été dans l'espoir d'obtenir une entrevue avec le directeur qui, pour des raisons inconnues, s'était absenté tout l'été et n'avait donné de nouvelles que pour annoncer son retour aujourd'hui, lundi 1er septembre. Le sourire de la jeune femme s'élargit en s'imaginant enfin pouvoir poser à Rybakov les questions qui lui taraudaient depuis plusieurs semaines. Si Erzy n'avait plus à se cacher dans le pays depuis que l'asile politique lui avait été accordé par le Kremlin, les évènements précédant son séjour en Russie pesaient toujours aussi lourd dans son coeur et à l'absence de Feryel dont elle n'avait plus de nouvelles depuis des semaines s'ajoutait la dure révélation à propos de la vie amoureuse de son père. Erzsébet ne pleurait plus, mais il ne se passait pas un soir sans qu'elle ne songe à cette famille qui la faisait tant souffrir malgré elle. 

Des effluves de pain d'épices et d'arachides grillées émanant des vendeurs du jardin vinrent bientôt chatouiller les narines des étudiants et bon nombre d'entre eux décidèrent de s'offrir un second petit-déjeuner dans le parc, encouragés par les derniers rayons de soleil de la saison. Le chemin se libéra d'un seul coup et les deux camarades purent sans problème accélérer la cadence. 

"Tu crois qu'ils servent du sucre à la cantine ? Karkaroff m'a toujours dit que Rybakov l'interdisait au profit d'une double ration de protéines pour ses élèves. En même temps, pour conduire des troncs d'arbres au quidditch... Erzsébet, est-ce que tu m'écoutes ?"

Elle ne répondit pas. Vik s'aperçût alors que son regard était plongé dans la photographie qu'elle était parvenue à piquer dans les archives de l'infirmerie. Abîmée par les pliages répétitifs et les journées passées dans la poche arrière de la jupe d'Erzsébet, la photo représentant le doux visage de Liv Rosier en tenue d'infirmière des années quatre-vingt et elle semblait rendre à sa fille le sourire bienveillant qu'Erzy lui adressait. Scène qui arracha au grand gaillard un rictus attendri. Il pressa les épaules de sa camarade en la poussant légèrement en avant.

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant