「𝟝𝟙」Et maintenant, quoi ?

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Du peu qu'elles se souviennent, les jumelles de Suroj n'avaient plus eu de nuit paisible depuis au moins trois ans. Qu'elles soient emmitouflées dans les couettes épaisses de Poudlard ou qu'elles aient la tête posée sur les taies d'oreiller parfumées à la fleur d'oranger par leur grand-mère, Feryel et Erzsébet avaient dû s'habituer malgré elles à ne dormir que d'un oeil et pour cause, l'Unutma profitait de leur unique moment de répit pour faire défiler dans leur esprit mille et unes visions d'horreur. Cependant, aucune de ces scènes de pleurs, de cris et de larmes n'arrivait à la cheville de leur dernière expérience. 

La mort est incontestablement la pire chose au monde. Fery et Erzy le savent à présent : Il n'y a ni lumière au bout du tunnel, ni vision divine avant de disparaître pour toujours. La mort est plus sombre que le noir le plus profond, plus violente que le plus puissant des chocs. Elle engourdit lentement les sens, laissant le temps à ses victimes de réaliser à quel point la vie est fragile. À la douleur s'ajoute le manque d'air, au manque d'air s'ajoute la cécité, puis la surdité, tout ça dans un laps de temps suffisamment lent pour sentir passer chaque étape de sa propre désintégration.

Viens alors le moment où chacun est forcé de constater sa propre insignifiance. Un instant, un court instant avant de ne plus exister, Feryel et Erzsébet réalisèrent à quel point il est facile de mettre fin à la vie d'autrui. Une longue pression sur la trachée et elles s'éteignent pour toujours, emportant avec elles tout ce qui les constituait : leurs peurs, leurs peines, leurs regrets et leurs amours. Leur esprit détruit et leur corps se destinant à devenir poussière, les jumelles n'étaient qu'à quelques secondes de ne plus être. 

Comment pouvait-on en vouloir à Tom Jedusor de vouloir déjouer un sort aussi malheureux ? N'est-ce pas le propre de tout homme de vouloir survivre aussi longtemps que possible ? D'avoir peur de l'inconnu, du voyage dont personne ne revient ? Comment les gens peuvent-ils ainsi se laisser aller dans ce vide si terrifiant, si peu vivant ?

Feryel et Erzsébet ne surent qu'une chose en revenant d'entre les quasi-vivants : La mort, pas maintenant.

Il y a deux raisons expliquant la présence de fantômes dans le monde magique : La première, volontaire, consiste à laisser une demi-vie à ceux qui craignent disparaître pour toujours. La seconde, involontaire, survient lorsque les victimes ont encore des choses à régler dans le monde des vivants avant de partir en paix. Fort heureusement, les jumelles de Suroj eurent plus d'une demi-vie pour faire la lumière sur tout ce qui mérite d'être éclairé. 

Le sifflement d'Hebi, qui les avait sauvé in extremis, disparût dans les méandres de leurs souvenirs. Le nom d'Edna Hollohat raisonnait quant à lui dans la tête des jumelles comme une alarme de réveil agaçante. Edna Hollohat, Edna Hollohat. Hollohat.

Feryel ouvrit les yeux sans bouger du lit où elle avait été couchée. Elle aperçut dans le plafond blanc un faux système solaire et regarda un instant le ballet des objets célestes avant qu'une étrange odeur de tabac n'éveille son odorat. Elle pivota doucement la tête vers la droite, tombant nez à nez avec un mur rempli de posters à l'effigie d'Alain Lacroix, joueur de l'équipe de France de quidditch et deux étragères présentant des trophées sportifs et musicaux en or massif.

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant