4 - premier jour

6.3K 208 87
                                    

Le grand jour finit par arrivé.

Je m'étais réveillée très tôt, alors que je ne devais être à l'opéra que pour 10 heures.

Les trois derniers jours avaient été assez compliqués.

J'avais passé mon temps à éviter mes tuteurs.

J'avais d'ailleurs appris que légalement parlant, Hakim était mon seul responsable.

Pas sûre que ça me rassurait.

Je n'avais pas non plus quitter l'appartement, trop peur de me perdre une nouvelle fois, sachant que je ne pourrais pas appeler au secours.

Je m'étais contentée de sortir de la chambre pour prendre des douches et pour manger, en parlant le moins possible.

J'avais pensé qu'après l'incident du ticket de caisse la situation ne pourrait pas s'aggraver.

Devinez qui avez tord ?

Oui, moi évidemment.

Un soir, leur ami Ken était revenu à l'appartement, où il avait passé la soirée.

En sortant de ma chambre pour aller à la salle de bain j'avais entendu une conversation.

--

Je ferme doucement la porte, essayant de me faire discrète. Je sais qu'Idriss et Hakim ont invité Ken et je n'ai pas vraiment envie de retomber sur lui.

Je passais dans le couloir et je m'arrêtais, comprenant qu'ils étaient en train de parler de moi.

- Ça se passe bien ?

- Elle parle pas.

- De toute façon dès qu'on sort l'album et qu'on a assez de fric vous allez la tej, nan ? Demanda Ken aux frères.

Un album ?

- Bah je sais pas frère, moi je la trouve gentille même si elle est trop timide, répondit Idriss.

Ça me fit un peu sourire.

- Je suis pas d'accord, coupa la grosse voix d'Hakim.

Je fronçais les sourcils et restais cachée pour entendre la suite.

Mais est-ce que je veux vraiment l'entendre ? En soit, ça va juste me faire me sentir mal.

- C'est une petite fille à papa à qui on a passé tous ses caprices depuis gamine. Elle préférerait être avec ses potes coincés à boire le thé comme la reine d'Angleterre. Je crois pas qu'elle soit timide, elle pense sûrement qu'elle est trop bien pour nous, c'est tout.

Ouah, je ne l'avais jamais entendu faire une phrase si longue.

Dommage qu'elle est été pour exprimer toute sa haine à mon égard.

Je retournais dans ma chambre, en faisant le moins de bruit possible, avant de faire semblant de dormir pour ne pas à avoir à dîner avec eux.

--

Donc comme je disais, mon mal-être s'était accentué depuis que j'avais entendu cette conversation.

J'aurais probablement du sortir de ma cachette en répliquant que mon père était mort, que je ne réclamais de l'argent que pour la danse qui était mon métier, que je n'avais aucun ami et que si je ne leur parle pas c'est à l'inverse parce qu'ils me font peur et que je n'ose pas aller vers eux.

Enfin, ça n'arriverais pas.

Trop timide.

J'aurais bégayé au premier mot, en devenant toute rouge.

Pour Ses Beaux YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant