Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 2-2

Un souffle chaud caressa mon visage, ce qui m'obligea à ouvrir les yeux. La stupéfaction me gagna en découvrant que je me trouvais assise au cœur d'un paysage de rêve, de quoi combler l'inquiétude de n'importe quel être humain sur Terre. Je me relevai sans difficultés. Les grains de sable, piégés dans mes cheveux épais, s'envolèrent à la première brise de vent. Devant moi s'élevaient des dunes à perte de vue que le soleil rendait couleur or et ocre. Ce paysage tout en altitude me donna, durant les premières secondes, un léger vertige. Le sable fin, sous mes pieds nus, ne me brûlait pas, malgré un soleil au zénith. Je ne ressentais pas non plus la chaleur désertique sur ma peau. C'est en faisant le tour sur moi-même que j'aperçus un peu plus loin, une silhouette qui se tenait de dos. Sûrement une hallucination, pansai-je aussitôt. Je décidai de m'en approcher, souhaitant secrètement au plus profond de moi, retrouver pendant ces quelques minutes d'illusions, les bras de ma mère. Le sable craquait sous mes pas, brisant avec le vent, le silence lourd du moment. La silhouette ne bougeait toujours pas. Elle était là, immobile, attendant que je me rapproche. Mon cœur s'accéléra ainsi que ma marche. Finalement, je parcourus les derniers mètres en courant, manquant de m'étaler de peu dans le sable chaud. Lorsque la silhouette se retourna, je me figeai et portai aussitôt une main à mon cœur pour l'empêcher de s'arracher de ma poitrine.

— Victoria, murmurai-je avec difficultés.

— Ça va ? s'inquiéta instantanément cette dernière en voyant mon visage se décomposer, on dirait que tu viens de voir un fantôme.

Son sourire, si rayonnant de son vivant, me fit immédiatement monter les larmes aux yeux. Il n'y avait qu'elle pour arriver à se moquer d'une situation si solennelle avec tant de recul.

— Victoria, balbutiai-je une fois de plus la voix tremblante. Vic, je ne t'ai pas sauvée.

La fin de ma phrase se brisa, tant elle était douloureuse.

— Personne n'aurait pu le faire, Zoé. Personne, chuchota Victoria en me prenant dans ses bras.

J'aurais voulu transformer cet instant si précieux en une éternité sans réveil.

— Ton enterrement était si triste, confiai-je à voix basse.

— J'avoue que ce n'était pas trop ce à quoi je m'attendais.

— Qu'est-ce que tu aurais voulu ?

— Une cérémonie un peu plus... rock'n'roll, avoua Victoria.

Je secouai ma tête, non surprise par la remarque de cette dernière.

— Je veux rester ici, avec toi, affirmai-je.

Victoria se recula :

— Mais Zoé, ne dis pas de bêtises. Tu vas vivre pour tes proches, pour mon souvenir, pour... Faïz.

— Il me déteste Vic, et ça se comprend, répondis-je la gorge serrée par les sanglots qui menaçaient de se déverser de nouveau.

— Tu sais que c'est faux. C'est lui-même qu'il haï plus que tout en ce moment. Vous avez besoin l'un de l'autre pour...

Victoria se ferma brusquement. L'expression de son visage devint alors indescriptible. La peur ? L'inquiétude ? Non ! C'était de la détresse qui régnait dans son regard.

— Que se passe-t-il ? demandai-je d'un ton insistant.

— Oh non, souffla-t-elle, paniquée, en regardant tout autour d'elle.

— Vicy ? Parle-moi !

— Il nous a trouvées.

Je la fixai, complètement interloquée, ne comprenant pas à quel désastre elle faisait allusion. C'est alors que le vent chaud du désert se leva et le ciel, lui, se couvrit avec de gros nuages sombres qui annonçaient les prémices d'une tempête chaotique.

— Réveille-toi Zoé ! m'ordonna Victoria. Maintenant !

— Non attend, nous n'avons pas fini.

— Le Maestro arrive ! Il a trouvé une brèche. Tu dois te réveiller.

— Mais je n'y arrive pas. Es-tu en danger ? insistai-je.

— Non c'est toi, c'est vous tous. Les Bunshees doivent être libérées...

Les paroles de Victoria s'envolèrent avec les violentes bourrasques. L'orage arrivait au loin. Je n'entendis plus le moindre mot qu'elle me hurlait.

— Les Bunshees ? Quoi ? Tu veux dire quoi par-là ? criai-je à mon tour.

— La pierre Zoé !

— Pourquoi me parles-tu de l'émeraude ?

— Non, non. Pas celle-là, l'autre !

Victoria regarda derrière elle puis se retourna de nouveau vers moi. C'est alors qu'elle me poussa de toutes ses forces du haut de cette immense dune, recouverte désormais de cendres. Mon corps tomba à cet instant, dans un néant sans fin.