Chapitre 16-3

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Je me redressai en fixant Faïz d'un regard désolé et me plaçai entre lui et le colosse qui jubilait devant ce spectacle.

— Nous allons enfin pouvoir nous battre à armes égales, déclara-t-il en serrant les poings, les crocs en avant et le regard rempli de haine. Es-tu sûre de vouloir mourir la première ?

— Zoé, ne fais pas ça, me supplia Faïz, derrière moi en essayant de se relever. Pars d'ici !

Sans l'écouter, je m'avançai avec des foulées rapides vers mon adversaire qui tenta de m'asséner un coup de poing au visage, mais que je réussis à esquiver en baissant la tête. J'en profitai pour lui donner à mon tour un coup de genoux dans le ventre ce qui le fit plier en deux puis, avec mes deux coudes, je le frappai violemment entre les omoplates. S'ensuivit un violent combat où je pris de nombreuses volées et fus, à plusieurs reprises, projetée contre le sol. Mes balayages et mes crochets ne firent que le ralentir, car il était indéniablement bien plus fort que moi.

Je rampai face contre terre, le corps complètement meurtri, à la recherche de la flèche que j'avais aperçue quelque temps auparavant. Soudain, un premier coup de botte dans les côtes me coupa littéralement le souffle, le second me souleva. Je criai de douleur puis me retournai sur le dos. Le gourou, au-dessus de moi, tenait dans ses mains l'objet que je cherchais.

— Ce soir, notre ange de la mort goûtera ton sang et se nourrira de ton âme, déclara-t-il, le regard fou.

Il brandit la flèche, prêt à me la planter en plein cœur. C'est alors que je vis Faïz bondir sur le guerrier. Tous les deux roulèrent sur quelques mètres et ce premier finit par vaincre son adversaire en lui bloquant la tête avec sa jambe et en exerçant sur son coude, une pression qui obligea le chef sanguinaire à abandonner. Cette clé de bras le paralysa complètement.

— Je m'en occupe, me hurla Faïz, va rejoin...

Celui-ci n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le kobold, avec son autre main, lui enfonça la flèche dans le bas ventre. Le guerrier se libéra ainsi de l'emprise de son opposant et se redressa sans trop de peine. Tandis qu'il contemplait sa victime se vider de son sang, je me jetai dans un élan de désespoir sur son dos en le cognant avec vigueurs de mes poings. Il me bascula avec brutalité à terre, à côté de mon bien-aimé. Nous étions perdus. Les os brisés, je me traînai lentement vers Faïz qui essayait d'articuler quelque chose. Je m'étalai de tout mon long sur son corps, tel un bouclier, pour le protéger une dernière fois. Les cris au loin me faisaient comprendre que notre groupe était en grande difficulté. Nos soldats ne tiendraient plus très longtemps. Seules les filles avaient une chance de s'en sortir.

Et mon père ? Oh mon Dieu. À cette douloureuse pensée, je fermai les yeux, attendant la mort. Soudain, un bruit dans les airs venu briser la quiétude du ciel me fit rouvrir les paupières. Le lourd brouillard ainsi que la couverture nuageuse participaient à la propagation et l'amplification de ce phénomène sonore. C'est alors que des tirs ciblés transpercèrent la masse brumeuse, un peu partout autour de nous. Il me fallut quelques secondes pour comprendre que des avions de chasse venaient à notre secours.

— Barthey a réussi à les convaincre. Ils sont venus, balbutiai-je à voix basse en laissant couler mes larmes.

Le guerrier, affolé, regardait au-dessus de lui :

— C'est impossible ! Eros a signé un traité. L'armée ne doit jamais intervenir sur... non... comment est-ce possible ?

Des militaires apparurent, visages cachés. Ils nous encerclèrent puis un homme s'adressa directement au gourou en aïnou en le menaçant avec son arme. Ce dernier n'eut pas d'autre choix que de se rendre. Le chef de la Confrérie tomba à genoux, tête baissée, sans riposter, acceptant son sort.

— Zoé ? cria Ray qui se précipitait vers moi, le visage bien amoché.

J'éclatai en sanglots :

— Vite ! Ray il... il faut le soigner. Il va mourir.

Il me prit par le bras et m'aida à me relever. À ce moment, ma tête commença à tourner et ma vue se brouilla. Le son de sa voix, mais aussi celle des autres protagonistes, me parvint de très loin. Beaucoup de monde s'affairait autour de moi. Il m'était de plus en plus difficile de respirer à mesure que les secondes s'écoulaient. C'est alors que mes forces m'abandonnèrent et qu'un rideau noir tomba sur mes paupières.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant