Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 14-1

Nous survolions un petit bout du Pacifique, ce qui me donnait l'impression de m'échapper de ce monde. La lumière de la nuit se reflétait sur les côtes de l'île ainsi que sur les nombreuses cascades, rendant le survol de Eros extraordinaire pour les yeux de simples mortels comme nous.

— Encore, suppliai-je Faïz qui était aux commandes du véhicule.

Il émit un petit rire mélodieux puis se mit à réfléchir.

— Les extincteurs dans mon école primaire, finit-il par lâcher.

— Non ! m'exclamai-je avec de grands yeux et le fou rire au bord des lèvres.

— Avec Ray, nous les avions vidés dans la classe de Monsieur Patterson qui nous avait punis quelques heures plus tôt. Il était furieux. Cet acte de rébellion nous a valu l'expulsion temporaire de l'établissement. Mes parents ont refusé de nous adresser, à Ray et à moi, la parole durant plusieurs jours.

— Ce n'était pas un acte de rébellion, mais carrément un délit criminel, soulignai-je en me moquant.

La voiture ralentit alors que nous survolions une vallée non loin d'une crique.

— J'ai fait des bêtises comme tous les enfants de mon âge, se défendit Faïz avec un sourire des plus charmeurs. Contrairement à ce que tu peux penser, je n'ai pas toujours enfilé mon costume de super héros.

Ma main vint lui caresser l'intérieur de son cou. Mon geste suffit à lui donner un léger frisson.

— Je suis heureuse de l'apprendre, déclarai-je à voix basse en continuant de le fixer.

À cet instant, j'essayai d'imaginer un petit garçon brun aux grands yeux noirs avec un sourire espiègle au coin des lèvres. Pour une raison que j'ignorais, cette image plaisante me rassura. Faïz partageait ses souvenirs d'enfance avec bonne humeur. Une époque qui lui plaisait de raconter. Je détournai mon regard pour observer de nouveau le paysage à travers la vitre. Ma respiration se bloqua brusquement lorsque j'aperçus juste en dessous de nous, des milliers de petites taches bleues, fluorescentes, qui étaient dispersées un peu partout sur le sable, illuminant ainsi une plage d'une beauté spectaculaire.

— Comment ? Ce sont des cristaux ? balbutiai-je.

— Oui, c'est un phénomène naturel appelé phytoplancton bioluminescent.

Au moment de la descente, Faïz suivit une allée lumineuse qui servait de parking d'atterrissage.

Nous étions à l'extrémité de l'île. Bien que l'endroit parût plus sauvage que partout ailleurs, deux femmes nous accueillirent chaleureusement en tenue traditionnelle. Elles portaient chacune un grand pagne de couleur blanc, brodé de fil d'or avec un foulard sur la tête en guise de bandeau, toujours dans les mêmes tons. Les deux hôtesses, à la carrure frêle, nous souhaitèrent la bienvenue dans la langue natale du pays, puis portèrent autour de notre cou un collier avec une jolie pierre bleue, translucide.

— Merci, c'est magnifique, les gratifiai-je d'un sourire en tenant la pierre au creux de ma main.

La femme, au visage rond et à la peau lisse, me remercia d'un signe de tête poli puis nous invita à continuer notre chemin sans elles. Le ponton de bois, jonché d'une centaine de bougies, nous indiquait le chemin à suivre. Faïz, silencieux, observait attentivement ma réaction.

— Je ne veux plus jamais rentrer chez moi, déclarai-je, ébahie par cette magnifique mise en scène.

Ce dernier saisit doucement ma main et plongea ses pupilles étincelantes dans les miennes :

— Qu'importe le lieu où tu décideras de vivre. Sache qu'il sera également le mien.

— Même en Enfer ? demandai-je ironiquement.

— Le seul enfer que je redoute, c'est une vie sans toi.

Touchée par ses mots, je posai ma tête sur son épaule pour m'enivrer de son doux parfum.

— Avant de t'emmener dîner, j'aimerais te montrer quelque chose, si tu me le permets, murmura Faïz.

J'acquiesçai d'un signe de tête en guise de réponse.