Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 4-5

L'endroit était manifestement soumis à un nettoyage minutieux et quotidien. Jusqu'ici, l'idée d'associer le terme auberge et luxe était impensable pour moi. Pourtant, il fallait bien l'avouer, ce complexe charmant et moderne était une bâtisse à l'architecture entièrement écologique. Ce fut Howard, un des employés de l'auberge qui était chargé de nous faire visiter les lieux. Cet homme, au physique massif et doté d'un large cou, semblait fier de montrer pour la première fois à des touristes, ce complexe rutilant avec de nombreux équipements au standard moderne et innovant, bien évidemment. Je ne saurais dire ce qui m'impressionna le plus lors de notre visite, ces couloirs de marbre avec un sol en mosaïque authentique ou bien la vue avec un panorama splendide depuis le toit. Les étoiles paraissaient pleuvoir sur la ville au loin ainsi que sur l'île tout entière. C'était la première fois que je voyais une nuit aussi claire et que je respirais un air aussi pur. Sur ce toit à ciel ouvert, je fermai les yeux et aspirai une grande bouffée d'oxygène.

— Zoé ? m'interpella doucement Asarys, on nous attend pour dîner.

Je remarquai alors qu'il ne restait plus que mes deux amies, Howard et moi sur l'immense terrasse.

— Où sont les autres ? demandai-je en balayant l'endroit du regard.

Lexy s'approcha doucement de moi avant de me chuchoter à l'oreille :

— Ils sont partis s'entretenir en vidéoconférence avec les dirigeants des deux gouvernements.

— Ah, oui..., euh..., bafouillai-je, l'espace d'un court instant. J'ai oublié le tournage de notre documentaire.

Nous partîmes sans attendre en direction du réfectoire. Malgré l'air serein affiché sur mon visage, je bouillonnais intérieurement d'être une fois de plus mise à l'écart de la mission.

Assise sur le balcon de notre dortoir, réservé aux femmes, je fixais depuis un moment l'imposante montagne au loin. Pendant ce temps, Lexy s'amusait à bondir et à se déplacer dans toute la pièce. Asarys, installée dans un des fauteuils à côté de moi, s'efforçait de l'ignorer comme si ce que faisait son amie ne méritait pas son attention.

— Nous n'allons quand même pas manger végétarien pendant tout notre séjour ici ! se plaignit Asarys, furieuse.

— J'ai trouvé le dîner excellent, répondis-je.

— Moi aussi, renchérit Lexy tout en continuant ses bonds. Il ne faut pas oublier que tout est pensé pour préserver la biodiversité de l'île ainsi que son écosystème.

— Ça va bien l'écologie au bout d'un moment ! lâcha Asarys, agacée. Une tranche de steak de temps en temps ne va pas décimer Eros, et puis, remets ton fichu bracelet, Lexy ! Tes sauts de cabris vont finir par me rendre dingue.

— Heureusement, tous les êtres humains ne pensent pas comme toi, rétorqua Lexy, irritée par les commentaires de cette dernière. Respecte au moins le mode de vie et la culture de chacun. Moi je trouve que nous avons beaucoup à apprendre de ce pays. Tout est sain ici.

Asarys leva les mains au ciel avec un ricanement narquois.

— Sain ? Bon sang, Lexy, tu t'entends ? Je te signale qu'une satanée de macchabée court les rues pour buter au hasard les passants qu'elle croise ! Nous ne sommes pas au paradis, mais bel et bien en enfer.

Au même moment, deux petits coups frappèrent à la porte. Asarys se leva d'un bond et se précipita pour aller ouvrir, espérant sûrement voir Ray une dernière fois de la journée. La déception se lisait sur son visage lorsqu'elle revint sur la terrasse quelques instants plus tard.

— C'est pour toi, déclara-t-elle d'une voix maussade.

Curieuse et impatiente de poser mes nombreuses questions à William, je parcourus la pièce à grands pas.

— Faïz ? prononçai-je, surprise, après avoir entrouvert la porte.

— Il est encore dans la salle de conférence. La réunion risque de se terminer tard, prononça lentement ce dernier, le regard de plus en plus dur.

Bien que son ton fût calme et sa posture impeccable, son faciès trahissait un certain agacement quand il comprit que ce n'était pas lui que j'attendais.

— Que se passe-t-il ? finis-je par demander pour mettre fin à ce froid entre nous.

Son regard fermé se radoucit enfin.

— Demain et les autres jours qui suivront, nous devrons nous lever tôt pour trouver le rubis. Mais avant ça, nous allons devoir explorer chaque centimètre carré de cette île pour la connaître par cœur.

— Très bien. Je préviens les filles.

— Rendez-vous à l'entrée de l'auberge demain, dès l'aurore.

Au moment où j'allais refermer la porte, Faïz la bloqua avec son pied. Son humeur changea brusquement. Désormais, je pouvais lire sur son visage une certaine crainte.

— Je suis à côté si... il y a le moindre problème, le moindre danger. Appelle-moi. OK ?

— Non ! déclarai-je d'une voix presque inaudible, à la fois teintée de tristesse et hantée de colère. Je préfère encore mourir.

Faïz blêmit en entendant ces mots, une douleur désespérée se lisait dans ses yeux. Avant de succomber et de revenir sur mes paroles, je refermai brusquement la porte.