Chapitre 9-6

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— Comment vas-tu ? s'empressa-t-il de me demander, anxieux.

— Bien, répondis-je un peu trop sèchement.

— Tu m'en veux ?

Mes yeux fixaient le sol. Il n'avait pas conscience d'à quel point je souffrais intérieurement.

— Barthey a raison. Tu ne peux pas venir avec nous demain, réussis-je à prononcer d'une voix à peine audible.

Je levai ma tête pour affronter son regard. Son visage était empreint d'une douleur désespérée.

— N'y va pas, répétai-je. Je t'en supplie.

Faïz ouvrit la bouche puis la referma. Il secoua la tête comme s'il cherchait ses mots.

— J'ai peur, Zoé. Pas pour moi, car affronter le danger fait partie de mon quotidien. J'ai peur à l'idée que l'on puisse te faire du mal, peur de te perdre. Peur que mes cauchemars deviennent réalités.

— Je ne pourrais pas réaliser convenablement ma mission ni même combattre correctement si je te sais là-bas, avec moi. Faïz, tu me mettrais plus en danger qu'autre chose.

Mes paroles semblaient le faire réfléchir. Il soupira profondément avant d'ajouter :

— Nous ne pouvons pas savoir quelle tournure vont prendre les événements. Cette mission est un véritable guêpier depuis le début et puis...

Il s'arrêta soudain de parler et passa ses mains dans ses cheveux en parcourant la pièce du regard puis il s'éloigna de moi pour aller se placer à côté de la tablette multimédia qui diffusait la douce musique classique dans la chambre.

— Les Léviathans ont de plus en plus de mal à contenir la violence qui se propage un peu partout dans le monde, confia-t-il, et les Sylphes se démènent contre les catastrophes naturelles. Les crimes sont en hausse. Il semblerait que la haine chez les criminels soit encore montée d'un cran. Ici, nous sommes coupés du reste du monde. Nous ne voyons rien, nous n'entendons rien, mais ce n'est pas pour ça que le Maestro a arrêté de corrompre les âmes les plus fragiles, bien au contraire.

— Oh, prononçai-je sous le choc.

— Je ne peux pas protéger tout le monde, j'en suis conscient, mais laisse-moi juste essayer de te sauver, de VOUS sauver.

— Tu penses toujours que tu dois me protéger, mais c'est le contraire, m'emportai-je, n'oublie pas qui je suis ! C'est moi qui dois te sauver.

— Je pense malheureusement que c'est trop tard pour ça, Zoé. Une part de moi s'en est allée le jour où Victoria nous a quittés. Je ne serais jamais guéri. Tu auras toujours en face de toi un homme abîmé et en colère.

Mon cœur se brisa en entendant ces paroles qui me désarmèrent. La douleur dans ma poitrine face à sa détresse était difficile à supporter. Faïz ferma les yeux puis les rouvrit.

— Ça doit te manquer de ne pas pouvoir écouter de musique ici ?

Le fait qu'il change aussi radicalement de sujet me déstabilisa.

— C'est la première chose que tu fais le matin et la dernière chose que tu fais le soir, ajouta-t-il en fixant la tablette sur l'étagère.

— C'est... oui... c'est possible, bafouillai-je en essayant de comprendre où il voulait en venir.

Je sentis les battements de mon cœur ralentir. Il m'adressa un sourire qui suffit à balayer mes craintes et ajouta :

— La musique, la danse, c'est la seule chose qui t'apaise dans les moments difficiles. Je me trompe ?

— C'est vrai, avouai-je, étonnée qu'il me connaisse aussi bien finalement.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant