Chapitre 1-2

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Je poussai la porte de la chambre de Victoria et m'y engouffrai. Son absence était trop présente dans cette pièce. Son odeur était encore incrustée dans les draps qui n'avaient pas été changés depuis ce tragique événement. Rien n'avait été déplacé dans ce sanctuaire hors du temps. Soudain, le bruit de la porte me tira de ma profonde mélancolie.

— Il faudrait enlever les tableaux du mur.

Lily parut soulagée de me trouver ici. Tout le monde était parti à la tombée de la nuit et nous n'étions plus que tous les trois à la villa. La première fois depuis la disparition de sa fille.

— Pourquoi ? demandai-je. Victoria les aimait tellement.

— Justement..., nous les installerons dans une pièce où nous pourrons les admirer comme elle le faisait.

— Lily, je... Il faut que je vous parle.

Les traits fatigués de son visage se crispèrent. Je devais faire en sorte de ne pas rajouter plus de peine à son cœur.

— Je pense qu'il serait mieux pour vous que je parte m'installer sur le campus de l'université. Vous devez trouver un peu de paix.

— Non Zoé, il n'en est pas question, me coupa cette dernière sur un ton catégorique.

— Mais je ne peux pas !

Je m'écroulai en sanglots devant cette femme qui venait de perdre l'être qui lui était le plus cher. Je m'écroulai de faiblesse, de fatigue, devant cette mère qui préférait me prendre dans ses bras pour me consoler et qui paraissait oublier que j'étais celle qui avait vu les dernières secondes de vie de sa fille. J'étais celle qui ne l'avait pas sauvée, celle qui était restée. Je me détestai.

— Tu restes ici, me souffla-t-elle en continuant de me serrer le plus fort possible. C'est ce qu'aurait voulu Victoria. Arrête de t'en vouloir. Il n'y a qu'un seul responsable.

Dans un effort, je relevai ma tête pour la regarder.

— Vous êtes si forte. Comment faites-vous ?

— Je respire juste assez pour ne pas tomber à terre, alors je dois continuer jusqu'au jour où je ne pourrais plus. Je ne rirai plus de bonheur, je ne trouverai plus jamais un coucher de soleil magnifique. On ne peut tuer quelqu'un qui est déjà mort.

Je reculai de quelques pas pour partir m'asseoir sur le bord du lit. Lily, elle, resta debout.

— Pourquoi Faïz, Ray et William n'étaient pas présents aujourd'hui ? demandai-je sans grand espoir d'avoir une réponse.

Lily secoua rigoureusement sa tête en levant les bras, visiblement agacée par leur agissement.

— Je ne sais pas. Quelle que soit la raison, ils n'ont aucune excuse ! J'espère qu'ils ne font rien qui pourrait les mettre en danger.

À cet instant, la phrase de David me revint en mémoire. Nous devions nous réunir pour échanger des informations. L'idée de ressortir mon téléphone, rangé dans ma commode depuis des jours, ne me ravisait pas. Cela faisait une semaine que je vivais déconnectée du monde, de mes amis, de ma famille. J'avais laissé un long mail à mon père, expliquant la tragédie survenue au sein de la famille Mattew. Je lui avais demandé de ne pas me contacter pendant quelque temps, que je reviendrais vers lui de moi-même. Je savais que dès que j'allumerais ce petit appareil, si insignifiant lorsqu'il était hors tension, le monde entier viendrait à moi pour me tirer vers le haut, pour me tirer vers la vie, me rappelant que j'existais.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant