Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 16-4

FAÏZ

— Tu devrais être assis dans ce foutu fauteuil roulant, déclara Ray, exaspéré.

Le jeune homme ne fit pas attention à la remarque de son ami qui continuait à le sermonner pendant qu'il installait le coffre contenant le Bénitier en soute du jet qui attendait pour partir.

— As-tu tout dit à Zoé ? insista Ray.

Faïz soupira avant de répondre :

— Je n'ai pas pu et je le peux encore moins maintenant aux vues de son état de santé.

— Tu n'es pas sérieux, grogna Ray, la mâchoire serrée. Il ne s'agit pas que de toi ! Tu es mon frère, un repère sans failles pour moi, mais là j'abandonne.

— Que veux-tu dire par là ? le coupa Faïz sur un ton glacial.

Ray se rapprocha du jeune homme, le regard menaçant :

— Ça veut dire que tu as fait ton choix et que moi, j'ai fait le mien !

— Mon choix, c'est le monde, c'est l'humanité et tout le reste passera après !

— Si tu aimes vraiment Zoé, épargne-la et sors de sa vie pour de bon. Elle mérite de passer en premier et tu le sais. Pour ma part, tu n'existes plus.

Choqué par les paroles de son ami, Faïz ne répliqua pas. Il regarda Ray s'éloigner pour monter à bord du jet sans essayer de le retenir, sachant au fond de lui qu'il avait raison.

L'inspecteur resta planté là, sur le tarmac, observant une dernière fois le paysage verdoyant de cette île. Les pas de Faïz, qui s'approchait de lui, ne le déconcentraient pas.

— Je suis heureux de quitter cette île de nuit, avoua Karl à mi-voix. Je pars avec cette dernière image d'Eros. C'est sûrement mieux ainsi.

Les mains dans les poches, Faïz approuva les paroles de l'inspecteur par un long silence puis demanda :

— J'imagine que vous serez convoqué dès lundi au Bureau des affaires internes de Los Angeles ? Menace avec arme sur un dirigeant politique, vous risquez gros.

Karl souleva les épaules comme seule réponse.

— Merci, ajouta son interlocuteur. Vous nous avez sauvés.

— Que t'ont dit les médecins au sujet de Zoé ? demanda alors l'inspecteur sur un ton plus grave.

— Elle aura sûrement des mots de tête pendant encore une dizaine de jours et doit absolument se reposer. Mes parents ont été mis au courant, ils vont bien prendre soin d'elle.

Barthey, intrigué, tourna rapidement son visage pour observer celui de son interlocuteur.

— Et toi ? osa demander celui-ci en craignant la réponse.

— Moi ?

Faïz baissa la tête et la secoua vigoureusement en repensant aux paroles de son ami puis il ajouta :

— Je suis celui qu'elle va devoir apprendre à haïr.

Karl ouvrit la bouche puis la referma aussitôt. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux et fixa de nouveau les volcans, au loin, qui surplombaient l'île.

— Détrompez-vous, continua le jeune homme avec une douleur aiguë dans la poitrine. Ce rôle je n'en veux pas, mais nous savons tous les deux ce que je suis destiné à faire. Asarys, Alexia... que ce soit aujourd'hui ou demain, Zoé finira par me détester... comme Ray. Une Banshee ne se trompe jamais.

— Ne tire pas de conclusion trop hâtive. La menace du Maestro est partie au moment même où nous avons sorti le rubis du lac. Il faudra peut-être attendre des années, des décennies, voire plusieurs descendances avant qu'il ne se manifeste de nouveau. C'est une bonne nouvelle. Finalement, tu n'auras peut-être jamais l'occasion de te confronter à lui dans cette vie.

— Ça ne change rien ! Le danger sera toujours là. Il sommeille et reviendra un jour plus fort. Nous devons nous préparer et préparer les futures générations afin d'être prêts quand cette heure arrivera.

L'inspecteur acquiesça d'un signe de tête, désolé de la décision que prenait Faïz, mais il saisissait le sens de ce sacrifice nécessaire pour la survie de l'humanité. En effet, peut-être que les sentiments n'avaient pas leur place dans ce combat contre le mal. Cependant, il espérait secrètement au fond de lui, n'être plus de ce monde quand ce jour arriverait et que les moyens humains auraient évolué pour exterminer définitivement les attaques de ce chef d'orchestre diabolique.