Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 10-4

Je regardai une dernière fois le champ de cerisiers en fleurs avant de partir. William et Malika s'occupaient de replier nos tenues dans des sacs tandis que Dewei et Barthey rangeaient le matériel d'entraînement, disposé un peu partout dans le parc.

— Tu dois avoir hâte de retrouver Faïz, déclara Lexy qui en profitait pour se recoiffer à côté de moi.

— Et de prendre une bonne douche, ajoutai-je. Lexy, il est temps que tu ailles t'excuser.

Mon amie écarquilla les yeux comme si elle ne comprenait pas ce que je lui disais.

— J'irai si nous revenons vivantes de notre mission, protesta cette dernière. Dans le cas contraire...

— Dans le cas contraire, il sera TROP tard pour le faire !

Lexy soupira puis finit par ajouter :

— Je déteste quand tu as raison.

— Je déteste vous voir comme ça, rétorquai-je à voix basse en posant une main sur l'épaule de mon amie.

Je fus heureuse et soulagée de voir Lexy s'éloigner de moi pour rejoindre Asarys qui s'était assise sous un Sakura. Quand elle vit Lexy s'approcher, cette dernière l'accueillit avec un brin de méfiance dans le regard, mais son visage changea très vite d'expression au moment où Lexy se mit à engager la conversion. Mes deux acolytes étaient assises l'une à côté de l'autre et riaient maintenant ensemble. Ce spectacle m'émut à cet instant, car elles étaient pour moi aussi importantes l'une que l'autre.

— La nuit ne va pas tarder à tomber. Il va falloir rentrer pour vous préparer.

La voix de Barthey me fit sursauter. Occupée à observer Lexy et Asarys, je ne l'avais pas entendu arriver derrière moi.

— Inspecteur ? Si la mission venait à mal se passer, pourriez-vous épargner mon père et ma grand-mère sur les détails de ma... soudaine disparition, s'il vous plaît ?

Karl, perdu, paraissait chercher ses mots. Il se racla la gorge avant de répondre avec une certaine prudence :

— Les autorités lui feront part d'un malheureux accident de voiture, lâcha l'inspecteur en évitant soigneusement mon regard.

Le ton de sa voix trahissait l'émotion qu'il cachait en lui.

— Bien, merci. Pourquoi n'avez-vous jamais voulu faire partie du FBI ou bien des forces armées ? Gérer les affaires des délinquants de seconde zone en temps normal vous suffit-il ?

— Ce poste m'évite d'annoncer la mort mystérieuse de nos héros à leurs proches. Je ne dors pas sur mes deux oreilles, mais au moins, ce poste me permet de trouver un semblant de sommeil.

Je regardai Barthey rejoindre le groupe un peu plus loin. Ses paroles, teintées de grisaille, résonnèrent dans ma tête. Je levai les yeux au ciel avant de fermer mes paupières pour essayer de vider mon esprit. Issei avait raison, l'énergie était tout autour de nous et à cet instant, j'avais l'impression de me nourrir de celle-ci.

Tandis que Lexy finissait son dîner, Asarys et moi étions entre les mains des agents du FBI, de Malika et de Min qui nous aidaient à nous préparer.

— Je n'ai rien pu avaler. Comment fait-elle pour avoir autant d'appétit ? grommela mon amie.

Cette dernière évitait de bouger la tête le plus possible pour faciliter l'intervention de l'agent chargé du son qui vérifiait l'état sonore de nos oreillettes. Pendant ce temps, une femme recouvrait mon visage avec une crème blanche, semblable à de la peinture, en suivant attentivement le tutoriel envoyé par Kayla un peu plus tôt dans la journée. La salle de conférence, où nous étions tous regroupés, s'était transformée en véritable quartier général de guerre. Des cartes étaient accrochées aux murs de la pièce. David, en visioconférence, échangeait directement avec des agents du FBI. Mon ami feuilletait dans ses mains une multitude de notes qu'il leur communiquait à toute vitesse.

— J'ai l'impression qu'on va nous envoyer dans l'espace, réussis-je à articuler pendant que la femme devant moi s'appliquait à me maquiller les yeux et les sourcils.

— Dans un sens, ce n'est pas totalement faux, répliqua Lexy qui venait de nous rejoindre pour enfiler sa longue et lourde tunique.

Cette tenue qui nous avait fait tant défaut durant toute la journée.

— Tu as eu le temps de le voir ? me demanda soudain Asarys qui se faisait maintenant, elle aussi, maquiller.

— Non, pas encore, répondis-je sur un ton plein rempli de déception.

À peine étions-nous arrivés à l'auberge, qu'il avait fallu directement tous se réunir dans cette salle. William et Dewei nous avaient briefées sur la posture à adopter et à tenir, tout au long de la cérémonie que donnerait la confrérie du Crépuscule en l'honneur de Kushisake, cette nuit.

— Demande à le voir avant de quitter l'auberge, insista Lexy.

— Quoi ? Comme ça ? lui rétorquai-je en lui indiquant l'état de ma tête. Imagine qu'il se réveille au moment où je suis penchée au-dessus de lui. C'est la crise cardiaque assurée.

— Lexy à raison, intervint Asarys. C'est peut-être la dernière fois que tu auras l'occasion... de... tu vois ?

Mes pensées se perdirent pour revenir à ce moment magique, partagé ensemble, la veille, tous les deux avant qu'il ne perde connaissance. Le souvenir du baiser échangé sur la magnifique chanson de Kimberose me revint avec nostalgie. Je devais absolument revenir saine et sauve, pour mon père... pour Faïz. Pour qu'ils puissent continuer à vivre normalement.

— Je le verrai à notre retour, affirmai-je, sûre de moi. Nous reviendrons, nous n'avons pas le choix !

Les filles sourirent. Elles ne demandaient qu'à me croire malgré l'inquiétude qui traversait leur visage à cet instant.