Chapitre 8-4

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L'homme pointa son sabre sur chacun de nous, à tour de rôle, et s'arrêta sur moi. Un éclat traversa soudainement ses petits yeux, couleur noisette, puis son bras se souleva derrière sa tête pour prendre de l'élan. La scène se déroula à toute vitesse. Sans comprendre ce qui se passait, William se jeta sur moi, ce qui me fit basculer à terre. Ma tête heurta violemment le sol. Tétanisée, je n'osai bouger sous le poids de son corps. En relevant mon visage, j'aperçus l'arme enfoncée dans le mur, juste derrière moi.

— Mais vous êtes dingue ! hurla Ray fou de colère. Vous auriez pu la tuer !

Ce dernier s'avança menaçant vers le chaman, les poings serrés, prêt à en découdre. Quant à mes deux amies, elles se précipitèrent vers moi, les yeux écarquillés.

— Ça va ? Tu n'as rien ? s'empressa de me demander Lexy, affolée.

William m'aida à me relever avant de partir brusquement s'emparer du sabre, toujours planté dans le mur.

— Je... je n'ai rien, ça va aller, balbutiai-je encore sonnée.

— Vous allez regretter ce geste, éclata William d'une voix remplie de rage. Comment pouvez-vous être assez fou pour essayer de vous en prendre à un seul d'entre nous ?

— J'ai enfin l'effet escompté, déclara Issei satisfait, sans prendre en compte les menaces de William.

— Will, attends, essayai-je de l'arrêter.

Je réussis à le rattraper tant bien que mal et agrippai son bras avant qu'il ne se jette sur l'homme, devant lui.

— Regarde-moi Will ! Regarde-moi ! criai-je en lui tenant son visage entre mes mains pour l'obliger à détourner ses yeux d'Issei.

Sa respiration saccadée se calma peu à peu quand il croisa enfin mon regard.

— S'il avait voulu me tuer, il l'aurait fait ! Regarde ces sabres derrière lui. Nous devons lui faire confiance, nous n'avons pas le choix.

William secoua vigoureusement sa tête pour retrouver ses esprits. Je posai ma main sur sa poitrine qui menaçait d'exploser sous la pression violente des battements de son cœur.

— OK, finit-il par lâcher, la mâchoire serrée. Mais je garde ça avec moi.

Il désigna alors le sabre qu'il tenait dans sa main puis envoya un regard des plus noir à notre interlocuteur. C'était la première fois que je le voyais dans un tel état de rage. À l'évidence, une part sombre l'habitait, lui aussi. À cet instant, Issei claqua des mains pour obtenir de nouveau notre attention et ajouta :

— Bon ! La pause est finie. Pouvons-nous continuer ?

Notre concentration revint petit à petit dans la pièce et nous fûmes de nouveau prêts à écouter le chaman, mais cette fois-ci, avec tous nos sens en alerte.

— Vous comprenez enfin ce que je veux dire, reprit Issei avec un sourire aux coins des lèvres. Le danger est évité grâce aux mécanismes que notre cerveau met en place pour analyser les images qui lui parviennent. Tout ça avec une anticipation d'environ trois cents millièmes de seconde. Zoé, vous devez votre survie uniquement grâce aux gestes réflexes de votre ami. Si vous aviez été seule, le sabre vous aurait transpercée.

William s'avança d'un pas avec un grognement sourd, mais je le stoppai immédiatement.

— Vous n'aurez pas un millième de seconde face à vos peurs, insista le chaman. Vous devez vous en délivrer, sinon elles causeront votre perte.

— Et comment y arrivons-nous ? demanda Ray, impatient d'obtenir des réponses.

— Les globes oculaires abritent la rétine dont les cellules...

— Je n'en peux plus d'entendre tout ça ! chuchota Lexy agacée. C'est juste un ramassis de conneries.

— ... Du thalamus, c'est-à-dire tout ce qui révèle de notre conscience, continua le chaman dans ses explications.

— Tais-toi donc ! articula Asarys entre ses dents. Nous ne sommes pas ici pour nous amuser ni nous détendre.

— Vivement que nous arrivions à la pratique, bougonna notre amie. Là je suis complètement larguée et incapable d'assimiler plus d'informations.

Asarys se tourna vers Lexy en fronçant les sourcils :

— La pratique ? Je te signale que Zoé a failli se faire embrocher, à l'instant, juste sous nos yeux. Je pense que nous en avons eu assez de la pratique !

— Il y a un souci ? demanda Issei. Comprendre le fonctionnement de notre cerveau ainsi que le fonctionnement de nos énergies vous ennuie ?

— Non, non, hésita Lexy sur un ton sarcastique. Entendre tout ceci est bien beau, mais...

Elle marqua une pause pour envoyer une œillade noire à Asarys que cette dernière lui rendit aussitôt puis elle reprit :

— Les actions positives. Conscient et inconscient. Cellules nerveuses. L'amygdale cérébrale. Dites-nous seulement où on peut trouver le rubis. Nous le récupérons et nous nous tirons ! Adieu Eros.

À cet instant, je retins mon souffle. William fixa mon amie, interloqué. Tandis que Ray essaya de s'arracher les cheveux à la racine. J'attrapai Lexy par les épaules :

— C'est plus compliqué que ça ! Alors, ne craque pas maintenant. J'ai besoin de toi.

Cette dernière soupira avant d'acquiescer d'un signe de tête puis reprit le contrôle d'elle-même.

— Je suis désolée, murmura-t-elle en baissant les yeux.

— Je sais, répondis-je d'une voix réconfortante.

Mon regard balaya la pièce à la recherche d'Issei. Ce dernier se trouvait non loin de sa collection de sabres. En l'observant plus en détail, je vis sa main se porter sur une autre sculpture en relief et l'actionner doucement. Je me retournai vers mes amis, les bras grands ouverts pour les pousser contre le mur, derrière nous.

— Attention ! criai-je de toutes mes forces avant de trébucher sur Asarys.

Le sol se mit à trembler, je réussis à me relever difficilement avec l'aide de William.

— Un tremblement de terre ! s'écria Lexy, paniquée.

Nous nous appuyâmes tous contre le mur afin de nous abriter.

— Issei ? Que foutez-vous, bon sang ? hurla William dont la voix se perdait dans le bruit fracassant de l'explosion des murs et du sol tout autour de nous.

Les bougies au plafond s'éteignirent soudainement et le toit de l'édifice s'effondra, laissant pénétrer la lumière du jour.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant