Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 12-4

Dans la précipitation, la poignée de la porte m'échappa des mains, ouvrant celle-ci dans un fracas tonitruant. Je tombai alors directement sur une quinzaine de paires d'yeux braqués sur moi. Asarys et Lexy buvaient leur café tout en écoutant les paroles de Barthey et ne paraissaient pas prêter attention à la situation inconfortable dans laquelle je me trouvai à cet instant. Je rougis devant mon entrée plutôt remarquée, refusant de dévisager les personnes présentes dans la pièce et m'empressai de m'asseoir aux côtés de mes deux amies. L'inspecteur avait arrêté son discours, le temps de prendre place, ce qui accentua encore plus mon malaise.

— La cérémonie de cette nuit s'est déroulée autour de ce lac, reprit Barthey.

Karl afficha sur l'écran devant nous, des images satellites montrant l'endroit exact où nous nous trouvions, mes amies et moi, la nuit dernière, en résumant avec précision le déroulement des événements auxquels nous avions assisté.

— Qu'est-ce que j'ai raté ? demandai-je à voix basse à Lexy.

— Le petit déjeuner, répondit cette dernière, concentrée sur le discours de Barthey.

Je soupirai, exaspérée par son attitude.

— Asarys ?

Mon amie tourna lentement sa tête vers moi, mais ses yeux restaient fixés sur l'inspecteur.

— Dis-moi ce que j'ai loupé ? insistai-je.

— Hum... oh, trois fois rien, chuchota-t-elle. Les équipes essayent de mettre en place un stratagème pour récupérer le rubis, mais évaluent au préalable les risques.

— Pourquoi m'avez-vous laissé dormir ce matin ? demandai-je sur un ton plein de reproches. C'est une journée importante !

— Faïz est passé nous voir à notre réveil, au dortoir, se justifia Asarys, c'est lui qui nous a demandé de...

— Ordonné ! la coupa sèchement Lexy.

— Qui nous a ordonné de te laisser dormir.

Je balayai la pièce des yeux à la recherche de ce dernier. Quand mon regard rencontra le sien, il m'était impossible de détourner les yeux de sa moue à la fois autoritaire et captivante. La voix de Barthey m'arracha à son envoûtement lorsque celui-ci prononça mon nom :

— Zoé, Asarys et Lexy plongeront dans le lac pour aller chercher la précieuse pierre pendant que le reste de l'équipe sera sur place, caché pour les couvrir en cas d'attaque.

— Non ! lâcha Faïz d'un ton abrupt. Il y a assez d'hommes ici pour faire ce boulot. Les filles en ont fini avec tout ça.

— Je suis d'accord avec lui, renchérit William qui se tenait debout, adossé au mur près de l'entrée.

Ce dernier tourna à ce moment sa tête vers moi. Les traits de son visage étaient empreints d'une frustration inexpliquée. Au bout de quelques instants, il détourna son regard glacial vers l'inspecteur et ajouta :

— Maintenant, c'est à nous de finir cette mission !

— Les équipes commandos ne sont pas habilitées à se déployer sur place, expliqua calmement l'inspecteur. Elles seraient rapidement repérées. Des accords entre les deux gouvernements ont été signés et nous ne pouvons aller à l'encontre de ce qui a déjà été décidé. Nous devons donc nous en tenir au plan.

— Allez au Diable, vous et vos accords ! s'écria Faïz en bondissant furieux de son fauteuil.

Ray se leva à son tour, prêt à retenir son ami dont il connaissait la nature impulsive.

— La décision ne vous appartient pas ! rugit Barthey en parlant aux trois jeunes hommes. C'est moi qui donne les ordres à suivre, ici. Nous sommes au service du gouvernement. Et toi, Faïz, veux-tu vraiment être le maillon faible de toute ta lignée ?

Le poing de l'inspecteur tapa violemment sur la table, ce qui ne manqua pas de me faire sursauter. Faïz et Barthey se défièrent du regard tandis que Ray poussait son ami vers la sortie pour éviter que la situation ne dégénère. Toujours contenu par celui-ci, Faïz pointa son doigt vers Karl :

— Ce n'est pas fini ! Nous n'en resterons pas là, déclara ce dernier d'un ton menaçant avant de quitter définitivement la pièce, accompagné de Ray.

Inquiète, je regardai mes amies qui semblaient aussi perturbées que moi après ce violent échange.

— Je... je voulais juste qu'on nous annonce que notre travail était terminé, confia Lexy sous le choc. Je pensais vraiment que nous avions fait le plus gros du travail hier.

— Tu peux toujours renoncer, la réconfortai-je, vous pouvez toutes les deux renoncer. C'est vrai, je peux aller chercher le rubis toute seule.

— Hors de question ! Nous ne te laisserons pas plonger dans ces eaux sans nous, décréta Asarys. Nous avons commencé ensemble, nous finirons ensemble.

Je regardai de nouveau l'ensemble de la pièce. William s'entretenait avec Barthey, sûrement pour essayer de lui faire entendre raison d'une manière plus diplomatique. L'échange vigoureux entre Faïz et l'inspecteur me fit comprendre que le groupe était en train d'exploser. Après ces longues semaines, passées tous ensemble sur Eros, nous étions tous à fleur de peau. Il fallait absolument trouver une solution pour sortir de cette crise. En effet, les conséquences de ces divisions au sein du groupe pouvaient entraîner une mauvaise organisation des opérations et donc causer notre perte à tous. Je me levai de ma chaise sous le regard anxieux de mes amies pour m'éclipser discrètement de la pièce où le ton des discussions commençait à monter petit à petit.