Chapitre 7-1

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À mon réveil, je constatai que j'étais seule dans le dortoir. En m'approchant de la terrasse, j'observai au loin, le brouillard qui se dissipait lentement sur l'île, indiquant que la nuit approchait. Je me demandai alors depuis combien de temps je m'étais assoupie. Je n'eus pas le temps de me remémorer mes dernières heures passées dans la salle de conférence, car on vint frapper doucement à ma porte.

— Je ne savais pas si tu étais réveillée, me lança Lexy dont seule la tête apparaissait dans l'encart de la porte. Les médecins veulent te voir.

Mon amie, embarrassée, attendait mon accord, que je lui donnais sans attendre, avec un signe de tête. C'est alors qu'apparût un homme, de taille moyenne, coiffé d'une coupe en brosse et une femme, beaucoup plus âgée qui affichait un air des plus austères sur le visage avec des cheveux tirés en arrière. Leur tenue vestimentaire, basique, ne laissait pas deviner leur corps de métier. Mon regard se posa de nouveau sur Lexy qui me fit signe qu'elle attendrait, pendant ma consultation, à l'extérieur de la pièce.

— Bien, mademoiselle Reyes ! commença la femme d'un ton rêche. Après les examens réalisés par les infirmières en fin de matinée, vos résultats sont plutôt bons.

Elle se tourna ensuite vers son collègue afin de lui laisser la parole. Ce dernier consulta immédiatement un dossier qu'il tenait entre les mains.

— À part de grosses ecchymoses qui se trouvent pour la plupart sur le haut de votre corps et de votre dos, vous n'avez rien de cassé ce qui est un miracle quand on voit la multitude de bleus sur votre peau et la trace de strangulation autour de votre cou. Ces traces donnent une idée de la violence du choc, des coups reçus.

Le médecin marqua une pause et sembla hésiter un instant à poursuivre. Au moment où il entreprit d'ouvrir la bouche pour continuer, la femme lui coupa net la parole.

— Vous êtes donc apte à aller où bon vous semble ! affirma cette dernière en jetant un regard mauvais à son confrère.

Je les remerciai poliment. Avant qu'ils ne tournent les talons, je m'empressai de leur demander, le ventre noué, des nouvelles de Faïz. Les deux médecins se regardèrent, visiblement pris de vitesse.

— Il a eu moins de chance que vous, ajouta la femme sans émotion dans la voix. Son état est beaucoup plus critique, mais nous ne pouvons rien vous communiquer de plus à son sujet pour le moment.

Je les regardai s'éloigner en me passant une main sur le visage, chamboulée par cette nouvelle. Une boule d'angoisse me serrait à présent la gorge. Ma seule envie, à cet instant, était de partir le retrouver.

Nous étions seules avec mes amies au réfectoire. L'ambiance autour de la table avait changé. Lexy paraissait angoissée pour la suite des événements et essayait de comprendre les paroles de David en ne cessant de reformuler ses mots en boucle comme si une révélation allait éclore de son esprit.

— Une loi parfaite ? De toute façon, rien n'est parfait ! Tout est modifiable. Peut-être devrions-nous tout simplement trouver la personne qui l'a rédigée ?

— La nuit des temps, Lexy ! Elles existent depuis la nuit des temps, ces lois, lui précisa Asarys, agacée par son monologue, et toi, Zoé ! Arrête de fixer cette fichue porte en espérant le voir apparaître !

Je soulevai mes épaules comme seule réponse face à la réflexion piquante de mon amie avant de répondre :

— Je m'inquiète pour lui et on ne me le laisse pas aller le voir. Et les autres ? Bon sang ! Qu'est-ce qu'ils fabriquent ?

— Le groupe est toujours dans la salle de conférence, répondit Lexy. Ils établissent le programme pour demain. J'ai croisé Madame Min dans les couloirs avant d'arriver ici avec des plateaux-repas à la main qui étaient destinés à l'équipe.

— Encore une fois, nous ne faisons pas partie de ce temps de parole ! affirmai-je, irritée.

— Ils ont sans doute voulu t'épargner tout ça, déclara Asarys tout en croquant dans sa pomme. Tu reviens de loin.

— Pour faire court, la coupa Lexy, Barthey et le reste de l'équipe te laissent quelques heures pour souffler.

— Oui, renchérit Asarys. Profites-en pour reprendre des forces et te reposer un peu. La seule chose positive dans tout ça ce sont les cours de Malika qui sont annulés pour ce soir.

Cette dernière repoussa lentement son plateau puis ajouta d'un air maussade :

— C'est hors de question que je claque ici sans avoir croqué une dernière fois dans une bonne côte de bœuf !

— Je vais au dortoir, s'exclama soudain Lexy en se levant de table. J'ai très peu dormi la nuit dernière et quelque chose me dit que la journée de demain nous réserve encore des surprises.

— Je vous rejoins, répliquai-je à voix basse les yeux dans le vide. J'ai juste besoin d'aller respirer un peu d'air.

— Tu veux que je t'accompagne dans la cour, devant l'auberge ? proposa Asarys, inquiète.

— Je n'en ai pas pour longtemps, la rassurai-je. File, je te rejoins tout de suite.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant