Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 9-1

Je me rendis compte que je serrais aussi fort que je le pouvais la main de William. Mes paupières s'ouvrirent tout doucement. Ça y était ! Nous étions enfin descendus de la montagne. Plus précisément, nous avions retrouvé notre place au sein de la pièce où nous nous trouvions depuis le début. À ma plus grande surprise, rien n'avait bougé. Les murs, le sol et le plafond étaient toujours là, intacts.

— J'ai l'impression de me réveiller d'un horrible cauchemar, confiai-je, à cet instant, à William.

Sans attendre de réponse, je me mis aussitôt à chercher mes amies du regard. Lexy était assise dans un coin de la pièce, la tête entre les jambes. Quant à Asarys, elle était appuyée contre le mur juste à côté de cette dernière. Tout mon corps tremblait encore tandis que mes jambes, elles, menaçaient de s'écrouler.

— Je ne peux que vous féliciter, s'exclama Issei en claquant dans ses mains. Peu de gens sont arrivés au bout de cet exercice. Vous êtes prêts !

La main de Lexy se leva lentement vers le ciel comme pour demander la parole, Issei la lui donna.

— Nous sommes prêts à quoi ? demanda celle-ci d'un ton bien trop calme et le regard rempli de rage.

— Mais, à sauver le monde bien sûr, répliqua le chaman d'un ton enjoué. Le dépassement de soi est quelque chose de très important et de primordial pour réussir. Aujourd'hui, vous avez fait face à vos peurs avec un réel esprit d'équipe. N'oubliez pas tout ça quand vous vous retrouverez face aux dangers qui vous attendent. Vos ennemis sont plus nombreux que vous ne le croyez. Pensez à toute l'énergie positive qui vous habite. Nourrissez-la et apprivoisez-la. L'univers donne ce que vous lui demandez. Je pense que vous n'avez plus besoin de moi, il est temps pour vous de repartir.

— Attendez, c'est tout ? Le retint Asarys avant que ce dernier ne sorte de la pièce.

— C'est tout ? répéta Issei en fronçant soudain les sourcils. Vous venez de faire apparaître un escalier à plus de trois cents mètres à hauteur du sol. Alors non, non ce n'est pas tout !

— Non... non, se rattrapa aussitôt Asarys. Je voulais simplement m'assurer que nous n'avions plus rien à apprendre de vous. Notre entretien n'a seulement duré que quelques heures.

— Oui enfin, bon, pour moi, ça me suffira, pestiféra doucement Lexy, toujours assise à terre.

— Vous avez toute la vie pour apprendre, répondit le chaman. Ce que je vous ai expliqué aujourd'hui est la base.

Issei regarda attentivement chacun d'entre nous avant de s'en aller définitivement, sans rien ajouter de plus.

— Zoé ? Tu ne veux pas t'asseoir un instant ? demanda Ray inquiet. Tu es toute pâle.

Mes jambes vacillaient sans que je ne puisse arrêter leurs tremblements. L'adrénaline était retombée trop vite.

— J'ai besoin de sortir, arrivai-je enfin à articuler en passant mes mains dans mes cheveux afin de les repousser en arrière.

— Oui, on y va ! s'exclama Asarys en tirant Lexy du sol. Je suis pressée de partir d'ici.

Le somptueux jardin conçu à flanc de montagne et descendant vers les falaises était d'autant plus rayonnant à la tombée de la nuit. La lumière des bassins illuminait les eaux. Les reflets de ces ondes semblaient danser gracieusement sur chaque feuillage ou chaque fleur qui se trouvait autour.

— Le paradis doit ressembler à ça, dit Asarys à voix basse, le souffle coupé.

— Après ce que nous venons de vivre, je me demande si tout ceci est bien réel, maugréa Lexy encore sous le choc de notre mésaventure.

Je me retournai vers William qui regardait au loin, perdu dans ses pensées.

— Penses-tu que cette rencontre va changer notre vie ? lui demandai-je.

Son regard à l'émail azur plongea dans le mien, mais il me laissa dans l'impossibilité de lire dans son esprit.

— Il le faudra. Issei a raison, la haine ne fait qu'alimenter la guerre.

Il détourna ses yeux vers Ray et ajouta :

— Rallumons la radio pour demander qu'ils nous envoient une voiture. Nous devons rentrer !

Ray s'exécuta immédiatement. À l'autre bout du combiné, l'inspecteur Barthey ainsi que toute l'équipe semblaient heureux et rassurés de nous entendre de nouveau.

— Oui, nous revenons de loin, inspecteur, confia Ray soulagé. Nous avons tous hâte de rentrer.