Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 7-4

Nous arrivâmes après plus d'une demi-heure d'escalade, qui me parût une éternité, en haut des marches. Bien évidemment, William et Ray nous attendaient depuis déjà une bonne dizaine de minutes. Les mains sur les genoux et les yeux au sol, j'essayai doucement de reprendre ma respiration.

— Finalement, ce n'était pas grand-chose, dis-je entre deux souffles.

La tête toujours baissée et sans réponse de mes deux acolytes juste à côté de moi, je continuai en me moquant :

— Le manque d'oxygène à cette altitude vous laisse sans voix ?

— Zoé, m'interpella Asarys dans un murmure à peine audible, relève-toi !

Je m'exécutai et regrettai aussitôt mes paroles. Devant moi, une passerelle en verre, suspendue au-dessus du vide, servait de pont afin d'atteindre la rive de l'autre côté.

— Oh non... ah non, non, non, bégayai-je affolée, je ne ferai pas un pas de plus !

— Je vais faire une crise cardiaque ! s'exclama Asarys en donnant un coup de pied rageur dans le vide, ce n'était pas prévu, ça. Je n'ai pas signé pour ce genre de délire suicidaire.

— Je n'ai jamais rien fait d'aussi fou, déclara Lexy à mi-voix.

Asarys et moi la regardâmes, dubitatives, puis nous ajoutâmes en cœur :

— LE SAUT À L'ÉLASTIQUE !

Cette dernière leva les yeux au ciel, blasée, en balayant notre remarque d'un revers de la main.

— C'est trop cool ! cria Ray qui se tenait déjà sur le pont en sautant dessus à pieds joints.

Derrière lui, un peu plus loin, nous pouvions apercevoir le temple dont l'architecture imposante paraissait recouverte d'argent. L'édifice, vu d'ici, n'avait rien d'ancien bien au contraire et semblait construit sur un plan cruciforme.

— Alors ? me demanda William qui m'avait rejointe. Ça vaut le coup de traverser ce pont en verre pour voir le temple de Idaina Megami de plus près, non ?

Mon regard se posa de nouveau sur la passerelle, suspendue entre deux sommets, à plus de mille mètres du sol.

— Zoé, murmura William en me fixant droit dans les yeux. Si tu commences à le franchir, les filles te suivront. Tu dois passer devant.

Je me retournai vers mes deux amies, tétanisées, qui étaient à première vue incapables de parcourir ces derniers mètres.

— OK, mais jure-moi que les véhicules viendront bien nous récupérer devant les marches du temple pour le retour. Nous avons atteint nos limites pour aujourd'hui.

— Ils seront là, je te le promets.

— Je me demande comment ce pont a bien pu être testé, sanglota Lexy sur le dos de William.

— On y est presque, essayai-je de rassurer mon amie, bien que je n'en menasse pas large moi non plus.

Bien que le temple se dressait juste devant nous, il nous manquait une bonne dizaine de pas à faire pour enfin mettre un pied sur la terre ferme. Asarys, silencieuse, se concentrait pour ne pas céder à la panique. Cette dernière avançait courbée, le moindre mouvement paraissait lui demander un effort surhumain. De mon côté, je me forçai à ne pas regarder le vide en dessous de moi, préférant fixer, comme point, le temple. Les pensées les plus horribles s'invitèrent dans mon esprit : si c'était un piège ? Si le verre n'était pas aussi épais qu'il paraissait ? Ou si un rocher dévalait la montagne pour venir briser les extrémités de ce pont ? Je secouai vigoureusement ma tête pour chasser ces visions d'horreur.

— Zoé, c'est bon, tu y es !

La voix de William me ramena à l'instant présent. Son regard au reflet bleu, gris et bienveillant me happa, faisant aussitôt retomber la lourde pression. J'agrippai sa main tendue vers moi et mon pied toucha le sol où s'élevait l'immense édifice devant nous. Euphorique, mon cri de joie s'ajouta à celui de Lexy et de Asarys.

— Bon ! Je ne veux pas attirer le mauvais œil, mais je pense vraiment que cette fois-ci, le pire est derrière nous.

J'espérai, à ce moment, que Lexy disait vrai. Psychiquement, cette promenade avait été la plus difficile et la plus angoissante de toute ma vie.

— Équipe numéro deux, où en êtes-vous ?

La voix de Faïz résonna dans la radio, accrochée à la ceinture de Ray. Ce dernier attrapa l'appareil sans plus attendre et la porta à ses lèvres :

— Nous sommes arrivés devant le temple, tout le monde va bien. Tu rates quelque chose d'incroyable.

— Je veux bien te croire ! Gardez votre radio allumée, nous allons à présent tout enregistrer.

— La confiance règne, ironisa Ray en remettant l'appareil à sa ceinture.

Avant de franchir leseuil de cette gigantesque bâtisse, nous restâmes quelques minutes à admirer cebâtiment construit tout en marbre gris et incrusté de magnifiques dorures. Dechaque côté de l'entrée étaient installées deux immenses statues représentantun homme tenant dans ses mains la lune et une femme possédant le soleil. Cessculptures imposantes semblaient garder les portes de ce mystérieux sanctuaire.