Chapitre 4-3

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Je découvris ces informations en même temps que mes amies. La tâche parut se compliquer avec un pays à l'écosystème distinct du nôtre et une étrange population aux coutumes complètement différentes. Je tournai ma tête pour regarder à travers le hublot, constatant que l'appareil n'avait pas bougé d'un pouce.

— Vous avez d'autres questions ? demanda Faïz, toujours debout devant nous.

— Pour ma part, non, répondis-je sans détourner mon regard de la petite ouverture.

— Alors nous pouvons y aller, déclara-t-il, soulagé d'en rester là.

Il se tourna ensuite vers William :

— Préviens Ray que nous partons. Je vais avertir le pilote que nous pouvons décoller.

À cet instant, mon esprit s'échappa à travers la fenêtre ovoïdale. Je pressentis que le soleil de Los Angeles allait me manquer sur Eros, à la vue de la météo annoncée par Faïz. J'étais loin d'imaginer la réalité de l'univers de ce pays.

Je me réveillai quelques heures plus tard en entendant de fortes exclamations autour de moi.

— Magnifique ! s'écria Asarys.

— Je n'y crois pas mes yeux, c'est incroyable, ajouta Lexy, le nez quasiment collé au hublot.

La main sur le côté de mon siège vint relever mon dossier afin de découvrir à mon tour ce qui pouvait bien émoustiller mes deux amies. Bien qu'il fît nuit, le spectacle que nous offrait la beauté de cette terre en dessous de nous était tout simplement à couper le souffle.

— Ça ne peut pas être vrai, murmurai-je à voix basse en contemplant l'île qui se présentait sous la forme d'un trèfle à quatre feuilles.

La première chose qui me sauta aux yeux était cette immensité d'espace vierge remplie de verdure. En effet, Eros semblait être une terre sauvage dépourvue de toute population humaine et entourée, de part et d'autre, d'une multitude de cascades, tel un rempart. Celles-ci paraissaient déverser une eau aux reflets bleus fluorescents dans un océan sombre. En perdant de l'altitude, des points lumineux commencèrent à apparaître dans le centre de l'îlot.

— Peu de choses arrivent encore à m'émerveiller dans ce monde, mais là, il faut bien avouer que personne ne peut rester indifférent devant ce décor presque irréel.

Concentrée sur la vue de Eros en dessous de nous, je n'avais pas entendu venir Faïz derrière moi. Celui-ci, installé juste sur le siège d'à côté, se pencha pour admirer le paysage à travers ma fenêtre. En dépit de son comportement inacceptable et de tout ce qu'il m'avait dit, je ne pouvais m'empêcher d'être troublée par cette proximité. Mon regard se porta au-dessus de son épaule et balaya alors la cabine. Asarys et Lexy étaient toujours en pleine admiration sur le spectacle d'en bas, tandis que William dormait à poings fermés sur le siège de devant. C'était la première fois que je le voyais ainsi et pour cause, il n'avait pas arrêté ces dernières semaines. Je revins ensuite sur Faïz, les regrets se lisaient dans ses yeux. Soudain, l'image de ce dernier pointant une arme sur Ogres bouscula mes pensées avec violence. Une partie de moi avait presque peur de ce brun ténébreux tandis que l'autre espérait encore le sauver.

— Le brouillard ? Euh... il n'y a pas de brouillard à l'horizon, éludai-je, le souffle court.

Faïz se recula et se cala au fond de son siège tout en continuant à me fixer douloureusement.

— Eros se réchauffe la nuit, m'expliqua celui-ci. Tu vois les montagnes qui encerclent la ville au loin ? Ce sont des volcans. Les scientifiques ne l'expliquent pas, ils se mettent en activité chaque nuit, ce qui réchauffe la terre de ce pays. Le sol est jonché d'une multitude de capteurs thermiques destinés à convertir cette chaleur en énergie et électricité. Au petit matin, ces volcans rentrent en éruption un peu partout sur l'île.

Mon visage se décomposa en entendant cette révélation.

— Non, ne t'en fais pas, me rassura aussitôt Faïz. Ils n'émettent pas de lave. Il s'agit d'éruptions phréatiques. Ce sont, pour faire court, de grandes quantités de vapeur d'eau qui s'échappent des cratères. Cela crée au contact de l'air frais, cet épais brouillard constant durant la journée.

Le commandant de bord sortit à ce moment du cockpit en adressant un petit signe de tête en direction de Faïz. Ce dernier se leva sans attendre et partit immédiatement à sa rencontre. Ils échangèrent de brèves informations à voix basse puis Faïz se tourna vers nous pour prendre la parole :

— Nous allons atterrir d'ici peu après treize heures de vol. Merci de boucler vos ceintures. Pour votre information, je vous signale qu'il y a seize heures de décalage horaire en plus, entre Eros et Los Angeles.

William se redressa subitement, réveillé par la voix de son ami puis me chercha aussitôt du regard.

— Afin que vous puissiez vous déplacer sans ressentir le problème de gravité sur l'île, un petit boîtier vous sera donné, celui-ci sera à accrocher à votre poignet. Comme nous vous l'avons expliqué, ici l'attraction gravitationnelle est beaucoup moins importante que partout ailleurs.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant