Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 6-1

Je me réveillai, déboussolée, au milieu d'une chaleur suffocante avec, à perte de vue, un décor gris chaotique. Le sol brûlant et charbonneux craquelait sous mes pieds nus. Au loin, des arbres sombres, démunis de tout feuillage, semblaient avoir été ravagés par un récent incendie comme toute cette nature morte qui m'entourait. Des cendres volaient dans les airs en remplissant l'espace. Mes pas s'arrêtèrent au bord d'un gigantesque gouffre dont le fond paraissait atteindre les entrailles de la Terre.

— Tu n'es pas encore morte, m'affirma une forte voix de l'autre côté du brasier répondant ainsi à la question que je me posais.

Une femme, d'une pâleur fantomatique, dont la bouche était cachée par un masque blanc, se tenait en face de moi. Ses yeux rouge sang, terrifiants, me scrutaient froidement. Cette dernière était habillée tout en noir. Sa longue cape, posée sur ses épaules, se confondait avec sa longue chevelure, foncée et brillante.

— Kushisake, murmurai-je sans y croire.

La femme inclina sa tête comme si elle avait entendu mes paroles malgré la distance qui nous séparait. Soudain, elle disparut de mon champ de vision pour se retrouver la seconde d'après, juste à mes côtés. Interloquée, je me mis à regarder tout autour de moi. Il faut absolument que je trouve le moyen de partir d'ici. Mes yeux vinrent se poser de nouveau sur cette femme dont le regard ne cilla pas.

— Où sommes-nous ? demandai-je la voix tremblante.

— Là où tu voulais que l'on soit, aux portes de l'enfer.

— Donc ce triste paysage est le fruit de mon imagination, déclarai-je surprise.

Kushisake se rapprocha plus près de moi et prit délicatement dans sa main, une de mes mèches de cheveux avant d'ajouter :

— Détrompe-toi, ce lieu existe bel et bien sur cette Terre. Ce gouffre, situé au milieu du désert, renferme une poche de gaz brûlée par les flammes. Veux-tu que je t'accompagne de l'autre côté ?

La voix effrayante et démoniaque de Kushisake paraissait me transpercer.

— Après tout, danser avec le Diable pourrait être plaisant.

— Nous voulons la pierre, rétorquai-je en essayant de cacher tant bien que mal ma panique. Le rubis que vous détenez. Si vous nous la donnez, alors mes amis et moi partirons sans rien demander de plus.

À ce moment, je crus déceler dans le regard écarlate de cette dernière, une lueur amusée.

— Vous n'êtes pas en mesure d'exiger quoi que ce soit. Rien ne peut vous sauver, même pas la pierre.

Kushisake porta ses mains sur son thorax puis rapprocha son visage d'encore plus près. Le souffle gelé de sa respiration frôla, à cet instant, mes joues. Un frisson glacial me parcourut l'échine.

— Tu penses être bénie des Dieux, murmura-t-elle, mais je lis dans ton âme et ton âme est maudite. Tout comme moi, tu apportes la mort autour de toi.

Je sentis à cet instant les mains de celle-ci se serrer autour de ma gorge. J'essayai de me dégager, mais elle resserra un peu plus son emprise. Impossible de la repousser, elle était bien plus forte que moi. Comment vaincre la mort elle-même ? Elle était le poison de cette île. La phrase de Xian au sujet des plantes me revint alors en mémoire. Ma vision se brouillait petit à petit, il ne me restait pas beaucoup de temps avant que je ne trépasse. Mes mains se mirent à la recherche de l'étui, accroché à ma ceinture. Dans un dernier effort, j'attrapai fermement la flèche qui s'y trouvait pour ne pas la laisser tomber, et ce, malgré les tremblements incontrôlés de tous mes membres.