Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 17-1

En cette matinée, le soleil éclairait le cimetière avec une telle intensité que mes yeux avaient du mal à s'habituer de nouveau à cette lumière. Une atmosphère de calme et de paix régnait dans ce lieu, vidé de toute population à ce moment de la journée. Je fermai un instant les paupières comme pour mieux apprécier la chaleur qui se répandait sur ma peau. Cela faisait bientôt douze jours que nous étions rentrés à Los Angeles et il nous était encore difficile de retrouver nos repères. J'observai mes deux amies, de l'autre côté de la tombe de Victoria. Ces dernières se recueillaient sans bruit. Asarys portait un bandana rouge autour de la tête et mâchait frénétiquement un chewing-gum. Je fronçai les sourcils quand mes yeux se baissèrent sur son jean déchiré et sur ses bottes mi-hautes à la semelle en métal et son cordon de laçage qui passait à travers celle-ci.

— Vous êtes sûres que tout ceci était nécessaire ? demandai-je, hésitante, à mes deux acolytes.

— Quoi ? rétorqua Lexy agacée en me fixant de derrière ses petites lunettes de soleil rondes à verres orange. Victoria voulait un enterrement plus rock'n'roll, non ?

Je croisai mes bras en la regardant de haut en bas :

— Ta veste en cuir sous cette chaleur écrasante ainsi que ce faux anneau dans les narines, c'est... ce n'est pas un peu trop ?

— Non, c'est rock ! répondit-elle en faisant claquer sa langue.

Je tournai ma tête vers Asarys qui reprit de plus belle la mastication de son chewing-gum en me fusillant du regard. Exaspérée devant leur look de bicker déluré, je levai les yeux au ciel puis sortis pour la centième fois mon téléphone de la poche de mon pantalon.

— Toujours aucun appel ni message ? me demanda Lexy qui paraissait désolée pour moi.

Déçue, je secouai la tête et me pinçai les lèvres.

— Il a peut-être besoin de temps, essaya de me rassurer Asarys. Vous avez failli mourir tous les deux, là-bas, ce n'est pas rien et puis il doit avoir une montagne de choses à régler avec les autorités de la ville ainsi que le FBI.

— Oui, enfin bon, un message, ça ne coûte rien ! répliqua Lexy, abrupte, en plaçant ses mains sur ses hanches.

— Tu as raison, rétorquai-je, son silence est insupportable. J'ai vraiment besoin de lui en ce moment. L.A est redevenue paisible, nous avons enfin une trêve. Pourquoi m'ignore-t-il comme ça ? Ray et lui ne s'accordent plus la moindre parole. Je ne sais pas si son changement de comportement envers moi est dû à ça.

— Va le voir ce soir au loft et exige des explications, me suggéra Asarys.

— C'est ce que je comptais faire. Bon, continuons la cérémonie !

— Allez mec, fais péter le son ! s'exclama Lexy à l'encontre du jeune homme, debout, au pied de la tombe.

Le guitariste, au visage percé par de nombreux piercings et habillé tout en cuir, tira une profonde bouffée sur sa cigarette avant d'allumer un poste qui servait d'amplificateur où il y brancha le fil de son instrument. Le rockeur fit alors résonner sa guitare électrique dans tout le cimetière avec le célèbre son de Joan Jett : I love rock'n'roll, accompagné de Lexy et de Asarys qui se mirent à chanter à tue-tête les paroles de cette célèbre chanson. Au moment du refrain, je me laissai emporter à mon tour, oubliant l'espace d'un instant, la peine qui hurlait au fond de mon cœur.