Chapitre 14-2

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Un petit cri de surprise s'échappa de moi au moment où mes pieds s'enfoncèrent dans le sable blanc et fin, illuminé par des milliers de petits diamants bleutés, aperçus quelques instants plus tôt depuis le ciel. En effet, la sensation de fraîcheur sous ma voûte plantaire me surprit quelque peu. Coupée du monde, j'avais l'impression d'être ailleurs. Mes yeux fixaient l'horizon. Le bruit des vagues, qui venaient s'écraser sur le sable, était la seule chose qui venait narguer le silence. Eros cachait là un véritable petit joyau admirablement bien entretenu. Tout autour de nous, la flore luxuriante et les gros rochers en granit géant se mariaient parfaitement à ce lieu, comme si le décor avait été posé là par la main de l'Homme. Le temps venait de s'arrêter, mon cœur aussi. Une petite brise vint alors me hérisser le duvet sur mes bras, me faisant revenir à l'instant présent. Je tournai ma tête vers Faïz qui ramassait, au bord de l'eau, une de ces pierres fluorescentes échouées sur le sable. Je le rejoignis aussitôt.

— Il est magnifique, déclarai-je en observant le caillou au creux de sa main.

— C'est le même que notre collier, répondit celui-ci en le reposant sur la plage.

Avant que je n'aie eu le temps de le comparer, Faïz enleva la pierre autour de mon cou pour la ranger dans sa poche. Perdue, je le regardai d'un air interrogateur.

— Je te redonnerai ce collier un jour, me promit celui-ci, le regard tourné vers les étoiles.

— Quand ? insistai-je.

— Lorsque tu auras tout oublié de nous.

— Tu sais bien que c'est impossible, essayai-je de le rassurer en enroulant mes bras autour de son torse.

— Vraiment ? déclara Faïz qui ne paraissait pas croire une seule de mes paroles.

Sa voix douce et mal assurée me brisait le cœur. À ce moment, une douloureuse inquiétude prit place sur son magnifique faciès.

— Comment peux-tu penser que je pourrais renier un jour tous ces moments passés avec toi ? Je suis incapable de te détester.

Il me fixa d'un regard noir et profond, comme s'il voulait me dire quelque chose qui le terrifiait lui-même. Ses doigts vinrent dessiner le contour de mon visage.

— Si un jour tu décidais de tout renier, repense à ce moment, me supplia-t-il. Le paradoxe est que je ne suis pas l'homme de ta vie alors que toi, tu seras toujours la seule femme dans la mienne. Je ne pourrais jamais te haïr.

— C'est faux, je t'aime ! Je t'aime depuis le premier jour, répondis-je sûre de moi, pour mieux soulager sa conscience.

Ses lèvres vinrent s'écraser sur les miennes avec un si grand désespoir que c'était presque effrayant. Lorsque Faïz éloigna son visage du mien, je constatai qu'il avait retrouvé le contrôle de ses émotions. Avec un demi-sourire, il me demanda :

— Qu'est-ce qui te rendra heureuse, une fois rentrée à Los Angeles ?

Je m'éloignai de lui et tournai sur moi-même en écartant mes bras au maximum :

— Le soleil ! m'exclamai-je. Le ciel bleu.

Faïz se mit à rire et rangea ses mains dans les poches en secouant la tête.

— Voyons, Zoé ! On s'habitue à tout, même à ce foutu brouillard.

Je sautillai gaiement en le regardant :

— Non, non, non.

— OK, mais arrête de sauter, tu vas finir par te faire mal. Je ne me doutais pas que le temps de L.A te manquait à ce point-là.

Celui-ci leva de nouveau la tête vers le ciel étoilé pour se plonger dans ses pensées.

— Bleu, murmura-t-il.

Je m'avançai vers lui.

— À quoi penses-tu ? demandai-je à voix basse.

Faïz sembla prendre le temps de réfléchir à ma question, puis finit par se mordre la lèvre inférieure pour réprimer un sourire avant d'ajouter :

— Tout petit, j'avais demandé un jour à ma mère pourquoi le ciel était bleu, et elle m'avait répondu qu'elle le coloriait ainsi, car elle savait que c'était ma couleur préférée.

— C'était ? relevai-je, curieuse.

— Oui, acquiesça ce dernier en posant subtilement ses doigts sur mes paupières. Depuis que je te connais, elle a changé.

Cet aveu si touchant me laissa sans voix. L'homme qui se tenait devant moi à cet instant n'avait plus rien à voir avec celui rencontré quelques mois plus tôt. Je penchai ma tête sur le côté, émue par sa soudaine déclaration.

— Bon, nous pouvons continuer ? demanda Faïz en m'entraînant par la main.

— Pour aller où ? répliquai-je en regardant tout autour de moi.

— Je t'ai dit que je voulais te montrer quelque chose.

— Je pensais que tu parlais de cette magnifique crique.

— Non, c'est un peu plus loin, répondit celui-ci qui avait déjà repris sa marche. J'espère que tu aimes les sports extrêmes.

— Euh... non... pas du tout !

— Tant mieux, se moqua Faïz. L'expérience sera d'autant plus appréciable.

Je déglutis, peu rassurée par les paroles de ce dernier.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant