Chapitre 8-2

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Issei entra dans une des nombreuses pièces de l'édifice. Celle-ci, comme toutes les autres, ne possédait pas de porte. L'endroit, éclairé par plusieurs centaines de milliers de bougies suspendues au plafond, donnait une impression de profondeur avec un jeu de lumière qui faisait danser nos ombres sur les murs. Le sol, représentant l'univers et son système solaire, paraissait bouger lentement sous nos pieds. Cette visualisation cosmique était si réaliste qu'elle en devenait presque hypnotique.

— J'ai l'impression d'être un astronaute perdu dans l'espace ! s'exclama Ray, abasourdi en parcourant la pièce. Comment avez-vous réussi à créer tout ça ?

Le chaman observait silencieusement nos réactions, les mains dans les poches, puis finit par ajouter, toujours sur un ton tranquille :

— C'est une œuvre artistique réalisée à partir de cartes logarithmiques.

— Mais, où est caché le mécanisme ? demanda Asarys en désignant le sol. Tout ceci semble se déplacer.

— Il n'en est rien. C'est juste un effet d'optique, répondit Issei. Votre cerveau vous donne volontairement une conception erronée de l'information.

— Pourquoi ferait-il cela ? demandai-je à mon tour, interloquée.

— Tout simplement parce que vous le lui demandez. Il a le pouvoir de transformer l'environnement. Vous êtes loin d'imaginer tout ce qu'il est capable d'accomplir. Le corps humain possède une immense énergie directement connectée à nos pensées. Notre cerveau analyse et traite tout un tas de données automatiquement sans même que vous, vous en ayez conscience.

Issei s'approcha de moi. Aussitôt, William en fit autant. Son besoin de me protéger prît instinctivement le dessus, ce qui n'échappa pas au chaman qui esquiva un petit rictus amusé puis ce dernier fit lentement le tour de moi-même pour finir se placer juste devant moi.

— Une non-égrégore. L'incarnation de votre âme divine est tout simplement parfaite, me souffla l'homme qui paraissait subjugué par un spectacle qui m'échappait.

— Je suis désolée, je ne comprends pas, déclarai-je, perdue en essayant de saisir ses paroles.

William se mit devant moi, arrachant Issei à sa contemplation et lui demanda sans attendre d'une voix glaciale :

— Savez-vous qui nous sommes ? Et pourquoi nous sommes ici ?

Le chaman porta ses doigts à son front et commença à arpenter doucement la pièce, le visage fermé. Il soupira profondément avant de répondre :

— Oui, je le sais ! C'est moi qui ai la lourde tâche de vous transmettre les principes des lois universelles.

Issei marqua une pause, le regard lourd de sens puis ajouta dans un murmure :

— Comment montrer la lumière à des aveugles ? Vous n'êtes que des coquilles vides.

— Je suis un Sylphe ! s'agaça William face aux paroles du guide. Ce n'est un secret pour personne ici. Je pense que vous êtes face à des gens capables de croire et de comprendre l'irrationnel ainsi que les mystères de ce monde.

— Il est là le problème ! rétorqua Issei en élevant la voix. Vous croyez trop ! Jusqu'à en devenir naïf et oublier votre spiritualité. Vous vous focalisez sur des détails qui ne sont en fait que des diversions afin de vous faire échouer dans la mission pour laquelle chacun de vous a été choisi.

L'homme s'avança d'un pas rapide et menaçant en direction de William :

— Avez-vous écouté ce que je viens de vous dire ? Non, car vous sélectionnez uniquement les informations que vous jugez bon de prendre ou de laisser !

Le grésillement de la radio vint troubler cette entrevue et nous rappela que nous étions toujours sur écoute. Le chaman leva alors les mains au ciel et s'écria d'une voix furibonde en désignant le boîtier accroché à la taille de Ray :

— Quand je parle de diversion de l'esprit, je parle de ça ! Vous êtes de nouveau déconnectés à vos énergies. Éteignez-moi ce truc immédiatement ! ordonna l'homme, la voix pleine de colère.

— Impossible ! trancha William en jetant un œil sur l'appareil. Nous ne pouvons prendre aucun risque.

— Alors on arrête là ! répondit Issei en se dirigeant vers la sortie. C'est perdu d'avance.

Bondissant à sa poursuite, Ray l'interpella pour le convaincre de rester.

— Apprenez-nous, s'il vous plaît. Il y a ici, sur Eros, une pierre, plus précisément un rubis. Elle a appartenu, autrefois, à une femme dénommée Kushisake. Nous devons la retrouver.

Issei se retourna aussitôt et parut hésiter un instant. Afin de lui prouver sa bonne volonté, notre ami attrapa la radio et la porta à son visage :

— Équipe une, on coupe, prononça Ray avant de rompre le contact définitivement avec l'extérieur.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant